Voïvod symphonique avec l’OSM @ Salle Wilfrid-Pelletier, Montréal – 29 janvier 2025
Voïvod et l’OSM, un parfait mélange
Ce soir, le concert à la prestigieuse salle Wilfrid Pelletier se transforme en un véritable spectacle sensoriel, où chaque élément semble se fondre pour offrir une expérience unique. J’ai rarement été aussi fébrile à l’idée de voir un concert et, par le fait même, aussi sûr d’en apprécier les effets. Au centre de cette performance, la cheffe Dina Gilbert dirige l’orchestre avec une aisance impressionnante, orchestrant chaque mouvement avec précision. Par moments, elle échange des regards complices avec Michel (Away), le batteur de Voïvod, comme s’ils étaient en parfaite synchronisation avec l’énergie du moment. Les projections, montrant des créatures extraterrestres dans Forgotten in Space, où l’on voyage dans un vaisseau spatial et où l’on vit la dramatique intensité de cette pièce tirée du fameux album Killing Technology, nous chahutent et nous chavirent de façon fort surprenante et inattendue. Des paysages futuristes ajoutent à l’aspect cinématographique du show, captivant le public à chaque instant.
L’un des moments forts de la soirée survient avec NuclearWar. Ce morceau, déjà intense dans sa version originale, atteint une dimension épique grâce à l’ajout de l’orchestre. La fusion entre les instruments classiques et les guitares électriques crée une atmosphère grandiose, donnant l’impression de voir une armée de robots futuristes en pleine action dans une galaxie lointaine. Le public, littéralement renversé par cette interprétation, m’a drôlement fait penser à The Wall de la légendaire formation Pink Floyd.
En arrière-plan, les musiciens de l’OSM, tout en restant dans l’ombre, sont baignés d’une lumière douce qui les fait se fondre dans l’univers visuel du groupe sans occuper trop de place visuellement. La projection de messages tantôt chaotiques et apocalyptiques, générés par ordinateur sur un écran géant, crée une tension palpable, intensifiant la puissance des compositions de Voïvod et leur message. Toujours d’actualité : l’importance de l’environnement et la décadence de l’humain sous plusieurs formes. Et même si les morceaux s’enchaînent un peu trop rapidement après coup, il est impossible de ne pas se laisser emporter par chaque détail de cette performance, qu’il s’agisse du travail minutieux de l’orchestre ou de la théâtralité croissante de Snake, qui s’amuse comme d’habitude avec un plaisir quasi infantile en multipliant les simagrées, semblant se nourrir de ce moment unique dans sa carrière.
L’album Nothingface est grandement bien représenté avec les pièces Pre-Ignition, l’incroyable The Unknown Knows (qui figure dans mon top des pièces du groupe) et Into My Hypercube, un titre qui me renverse à chaque fois par sa simplicité et sa fragilité, une berceuse pour introverti. Un auditeur criera un Tabarnak bien senti lors de l’apparition de ce fameux titre !
Je me dois de souligner la pièce Fall où l’on y dénote une atmosphère hors du commun assez différente du reste des compositions choisies.
HolographicThinking, extrait du dernier album Synchro Anarchy, met en lumière l’importance des arrangements, fruits de la collaboration de Dan Mongrain, ce virtuose que Denis prendra le temps de remercier comme digne remplaçant de Piggy D’amour, ainsi que d’Hugo Bégin. L’orchestre ne se contente pas de suivre la mélodie : il la transforme, apportant une richesse complémentaire à l’œuvre des gars de Jonquière. Les cuivres et les cordes doublent habilement les lignes vocales, et l’orchestre prend même le relais sur certains refrains, donnant une nouvelle vie à la chanson, un souffle frais et très intéressant.
On prendra le temps de se remémorer la créativité et le génie de Piggy, l’ex-guitariste fondateur d’une importance fondamentale dans l’évolution du métal tel qu’on le connaît, ainsi que dans celle de la formation.
Le concert s’achève sur un moment inoubliable : la reprise de Astronomy Domine de Pink Floyd, qui semble offrir une version ultime de ce morceau emblématique. Pendant cette interprétation, les membres du groupe se retrouvent au premier plan, l’orchestre s’effaçant doucement pour laisser Snake, Dan (Chewy), Dom (Rocky) et Michel (Away) se déchaîner sur scène. Le public, médusé, vit un instant de pure exultation. À la base, Voïvod avait repris cette pièce de façon métal, et ce soir, c’est un peu comme si l’on revenait à la version de Syd Barrett, le génie musical derrière cette pièce, ayant lui aussi apporté à sa formation une créativité singulière avant de quitter ses pairs pour d’autres sphères, tout comme Piggy.
Au terme de la soirée, on apprend que Stéphane Lévesque, le bassoniste, aurait initié cette collaboration entre Voïvod et l’OSM en en faisant la suggestion. Une belle ovation a remercié cette initiative, sans laquelle nous n’aurions pas pu bénéficier de ce moment magique. Dina Gilbert clôt le concert en sautant de joie, saluant la foule avec un geste typiquement « métal », les fameux Horns. Une dernière vague d’émotion chaleureuse envahit la salle, composée d’habitués de l’OSM et de métalleux de tous âges (même quelques enfants de moins de 10 ans !).
Ce spectacle exceptionnel et unique en son genre sera de nouveau proposé dès demain, et heureusement, il reste des billets pour les retardataires ou ceux qui regrettent déjà de ne pas être venus à cette magnifique soirée.
On souhaite un autre 40 ans et plus à Voïvod!
-Journaliste: Martin Desbois
Photos gracieuseté de Gabriel Fournier