
Voici le compte rendu de Dany Marchand et les photos prises par Joé Lacerte lors du spectacle de Static-X présenté par Heavy MTL, Evenko & Greenland Productions au MTelus de Montréal le 23 mars 2023 et qui mettait également à l’affiche Fear Factory, Mushroomhead, Dope et Cultus Black.
Critique
L’odyssée de Dany et Joé se fera ce soir en sol montréalais pour un festival de métal industriel présenté par Heavy MTL au MTelus. Le retour des vétérans du genre se fera enfin dans la grande métropole. Un line up de bands à faire rêver les vieux métalleux comme les jeunes qui sont nombreux ce soir dans les murs de ce grandiose amphithéâtre.
Cultus Black
Une intro instrumentale bien industrielle ouvre le bal et donne le ton au concert qui suivra pour les prochaines heures. C’est avec le doigt d’honneur bien en l’air que le band fait son apparition avec la lourde tâche de réchauffer le MTelus pour le quatuor de groupes légendaires à venir.
C’est soi masqués, maquillés ou cagoulés que se présente devant nous les sectaires de la Caroline du Nord. Sur scène, c’est avec confiance qu’un guitariste, un batteur et un vocaliste nous assurent déjà de relever le défi de taille qui les attendait. Puissant est le qualificatif parfait lorsqu’on écoute la lourde et rapide batterie machinale être jouée devant nous.
Harmonieuse est celui qui décrit le mieux la voix versatile du chanteur. À la guitare, une belle présence scénique vient compléter le tableau périodique de la structure d’un trio bien soudé qui occupe la scène avec autorité. Le style musical très diversifié et bien agencé du band est rafraichissant avec ses saveurs puisées dans une multitude de sous-genres du métal.
L’éclairage glauque sans couleurs représente bien la palette musicale et visuelle du groupe qui s’identifie comme une secte occulte. Digne de mention est la reprise de Negative Creep de Nirvana, à la sauce du culte noir bien sûr.
L’intéraction avec la foule est palpable alors que le vocaliste s’approche pour faire chanter les gens dans la fosse. La finale de leur prestation confirme cette belle proximité alors qu’ils invitent les fans au merch booth pour des photos, car comme ils le précisent « on est des weirdos et on aime ça prendre des photos avec des weirdos ! »
Vraiment, mon coup de cœur et découverte de la soirée est attribué à Cultus Black, je suis maintenant un adepte du culte!
Dope
Départ en force avec l’imagerie classique du groupe sur les écrans entourant la scène. La foule est impatiente!
Les quatre pionniers new-yorkais, explosent sur scène avec une arrivée enflammée et enflammante. Edsel qui fait sa première appar…. ok faut pas le dire… euh, Edsel est en feu ! L’esthétique visuelle des musiciens est magnifique.
On a un son moins fort, mais beaucoup plus défini pour cet acte sauf le vocal qu’on perd quelques fois un peu dans le mix, problème qui se résout assez rapidement d’ailleurs. Chapeau à l’équipe technique à la régie.
Le charismatique vocaliste prend la guitare pour la 2e pièce offrant une aussi belle chorégraphie scénique que la foule dans la fosse qui saute au son des rythmes industrialisés de la formation. Entre deux pièces, on parle des frais de port et manutention exorbitants entre les États-Unis et le Canada donc on nous annonce qu’ils nous offrent de se rendre sur le site web du groupe pour se procurer gratuitement la version digitale du nouvel album. Quelle délicate attention pour les fans moins fortunés.
Ils entament ensuite le classique Die MF Die au grand plaisir des lions dans la fosse. Fait amusant, You spin me de Dead or Alive en reprise est présentée comme la pièce la plus stupide au monde. Mais par Dope, elle prend une tournure plus sérieuse musicalement.
La chimie des membres sur la scène tout au long du spectacle est évidente, c’est beau de voir des artistes faire ce qu’ils font de mieux avec le plaisir de le faire entre vieux amis. Ils quittent après une présence fort acclamée par l’assistance.
Mushroomhead
7 h 55 le cirque le plus attendu depuis plusieurs années débarque en ville, Chants grégoriens sur un décor de film d’horreur, tels sont le visuel et l’auditif qui nous préparent à l’arrivée de l’orchestre disjoncté (et encore une fois masqué) natif de Cleveland. Jenkins, Steve, Roberto Diablo, St1tch, Dr. F, Skinny, Gravy et bien sûr l’iconique J Mann offrent un délice visuel proportionnel au niveau des attentes du public.
Le groupe enchaine les tubes un après l’autre au grand plaisir des fervents admirateurs qui dévorent chaque seconde qui passe en compagnie de leurs idoles. Rien des spécialités et particularités de leurs concerts habituels ne sont mises de côté. Les tambours lumineux et éclaboussant de gouttelettes d’eau donnent une opportunité en or aux photographes présents d’immortaliser cette soirée avec finesse.
Ça bouge de partout autant en bas que sur les planches. À tour de rôle, les membres du groupe s’amusent à prendre des égoportraits et des photos entre eux et avec le public.
En sueur et en extase, les Montréalais applaudissent alors que l’assemblée musicale qu’est Mushroomhead quitte par l’arche installée faisant partie du décor malsain et festif qui restera dans nos mémoires longtemps.
Fear Factory
Arrivée très attendue des guerriers intemporels de l’industriel avec le nouveau vocaliste remplaçant de Burton C. Bell l’italien Milo Silvestro.
Le bass drum est mis à l’avant, tellement fort que je le ressens jusque dans mes poumons, gracieuseté du savoir-faire de Mike Heller. Il fait bon de revoir Dino et Tony faire lever les foules comme dans le temps avec autant d’énergie malgré les années qui ont passé. Mushroomhead accuse quelques présences sur scène au vocal dont une pour performer la brutale « edgecrusher » ensemble.
Dino souligne qu’il n’aurait jamais cru jouer Archetype, mais qu’il va la jouer pour nous ce soir. C’est là qu’on a pu comparer le présent chanteur et le chanteur sortant. Au niveau cri et chants gutturaux, Milo est une bête du nveau de Burton. Par contre le vocal dit clean présente une légère lacune au niveau de la texture qu’offrait Bell dans le passé. La présence sur scène de l’italien et son interaction avec le public est bien, mais on sent qu’il doit encore faire ses preuves et nul doute qu’il les fera au fil de la tournée et des albums à venir. Albums qu’il pourra enregistrer à sa main ou plutôt à ses cordes vocales.
On termine la session en présentant la mouture 2023 de Fear Factory et en interprétant Replica comme pièce d’adieu d’ici un retour en tête d’affiche promis par Dino.
22 h la scène du MTelus se transforme en entité numérisée, on plonge dans la matrice tête première, car les écrans affichent…
Static X
La mascotte du band apparaît dans l’ombre et parcourt la scène illuminant nos visages d’un large sourire d’un faisceau lumineux puissant. Mon poil se dresse sur mes bras déjà en mode chair de poule puisque la dernière fois que j’ai assisté à leur spectacle, c’était Wayne Static (paix à son âme) qui allait surgir. Mais ce soir, c’est la formation originale composée de Tony Campos, Koichi Fukuda et Ken Jay qui accompagnera son digne substitut.
Une vidéo majestueuse s’affiche sur tous les écrans, d’inspiration cyberindustrielle totalement adaptée au style musical des californiens.
« ’IT’S ALIVE! » s’exclame le docteur Frankenstein !
C’est sur une haute tribune que Xero (le clône robotisé de Wayne) apparaît en regardant la foule de ses lumineux yeux rouges. Sur les écrans on peut suivre l’évolution du groupe au fil des chansons, des albums, des logos sur des animations superbes. Entendu dans la foule, tout juste avant Love dump : « Attention y’a du sang ! » Et immédiatement suivi d’une dame qui fait une chute de pression.
Aucun doute la foule est prête à souhaiter bon retour au Québec de la meilleure façon possible. Tony Campos est de retour en force, autant physiquement que vocalement, tout en forme et en voix, C’est beau à voir la connexion entre lui et son partenaire des premiers jours à la guitare Mr. Fukuda qui fait un excellent travail à la gratte !
L’énergie qui se dégage tout au long du concert est digne du Static-X d’époque, une esthétique visuelle et auditive de haut calibre. La mise en scène est tout simplement parfaite. Un énorme pouce en l’air à l’équipe de son/éclairage tous les instruments sont d’une définition à tout casser et synchronisée à un éclairage hallucinant.
Les percussions machinales de Ken sont sans faille, tout comme en 1994 avec la maturité des presque 30 dernières années d’expérience ajoutée.
Suivant la reprise de Nine Inch Nails Terrible Lie, une pluie de mousse inonde le MTelus pour le premier rappel avec la classique Cold . ¨Présentant à l’écran pour la 1ère fois des images du défunt Wayne Static extraites du clip de la même pièce. Au breakdown, une image du chanteur original avec l’inscription « Forever with us » suivi d’une série de moments inédits captés en tournée. Un texte disant « Soyez prêt à faire du bruit pour Wayne » suivi d’un décompte mets la foule à feu et à larmes.
Xero pointe le ciel alors que les mots « Rest In Peace » s’affichent dans le silence de la fin de la pièce. D’énormes ballons tombent du plafond aussitôt pour i’m with stupid qui change le ton émotionnel installé plus tôt.
Tony Campos vient terminer la soirée avec un discours fort émotif et touchant avant de quitter avec Push It et Machine.
On ne peut que vouloir attendre leur retour, car vraiment Static-X est en vie et ils gardent le disco… Evil!
Ambiance de la soirée
–Texte: Dany Marchand
Photos: Joé Lacerte