by Stéphan Levesque | Mai 17, 2014 | Critiques, Critiques d'Albums, Les "Elles" du Métal

Dans ma chronique précédente, je vous amenais dans la contrée de Dracula, la Transylvanie. Afin de rester un brin dans la thématique des pays de l’Est, la moitié de cette nouvelle édition des «Elles du métal» portera sur un groupe d’un pays qui faisait aussi partie du bloc communiste: la Pologne. En fait, je consacre mes textes de cette semaine à deux groupes qui n’ont pas encore publié un album. Si les Français de Midnight Sorrow ont un EP de cinq chansons à leur actif, les Polonais d’Hegemony eux, publient les éléments de leur répertoire au compte-gouttes. Place à cette chronique de la relève… – Steph
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Hegemony
EP « Awakening » (2013) + deux chansons (2014)
Autoproduction
La genèse d’Hegemony remonte à l’été 2012 lorsque le guitariste – et principal compositeur – Wojciech Muchowicz a décidé de réunir autour de lui des musiciens pour rallier son projet qui vise à mélanger metal et rock progressif. Au départ, afin de se faire la main et de jeter les bases de son style, le groupe s’est concentré à jouer des pièces de poids lourds du prog metal tels qu’Opeth et Dream Theater. Après un certain temps ont émergé trois compositions, réunies sur le EP « Awakening« .
C’est en décembre 2013 que ce premier essai a été offert au public, et je dois l’admettre, le chroniqueur a été frappé de plein fouet par ce qu’il a entendu. « Dirge – Asylum Part II » ouvre la marche et c’est la sonorité très progressive qui se fait remarquer d’entrée de jeu. Pièce très planante, l’instrumentation minimaliste est bien renforcée par le violoncelle qui, mélangé à la guitare acoustique, confère une certaine mélancolie à l’ensemble. Cette entrée tout en douceur est suivie de « Torment – Asylum Part IV » (on attend toujours les parties I et III…), dont l’introduction n’est pas sans rappeler Porcupine Tree. Plus énergique, cette chanson permet à la section rythmique de faire sentir sa présence et à la guitare d’imposer le tempo.
C’est toutefois « Into the Sacred Woods » qui s’avère être la perle de ce premier enregistrement. Introduite par la guitare acoustique, l’entrée en scène graduelle des autres instruments confère à cette pièce une grande complexité, mettant pleinement en valeur le mélange de progressif et de metal préconisé par le groupe. De plus, la musique est littéralement enveloppée par le chant de Valyen Songbird qui épate par sa puissance et sa grande force évocatrice. Ayant entendu des centaines de voix féminines plus étourdissantes les unes que les autres, l’auteur de ces lignes doit pourtant s’avouer presque «troublé» lorsqu’il entend la chanteuse s’exécuter. Aucune explication rationnelle n’est possible ici, j’ai seulement l’étrange impression que la dame vient tout simplement s’emparer de mon âme avec sa voix. Cherchez à comprendre…
Une chose est sûre: c’est avec brio qu’Hegemony s’introduit à nous avec ce court essai. Voici d’ailleurs le lien où vous pouvez encourager le groupe, pour moins cher que le prix d’un grand latte chez Starbucks…
Depuis le début de l’année 2014 le groupe nous a également gratifié de deux nouvelles pièces: « Orison » et « Labyrinth« . Si Hegemony puise une partie de son inspiration chez des groupes modernes, on constate sur la première de ces deux chansons que les années 1970 n’ont pas été oubliées. En effet, « Orison » évoque un géant de cette décennie: King Crimson. Sur ce morceau, le jeu du leader à la guitare contient une petite touche du grand Robert Fripp, mais c’est surtout la présence du saxophone soprano en surimpression qui force cette comparaison avec «Crimso»; ainsi, on se retrouve vaguement projeté à l’époque de « Lizard » et de « Islands« , mais avec une touche bien particulière conférée par le chant de la sirène qui se fait ici plus posé, en parfaite harmonie avec la simplicité exprimée par la musique.
Avec « Labyrinth« , publié à mi-avril, Hegemony signe toutefois son morceau le plus solide. La complexité des éléments mis en valeur par le groupe y est ici à son sommet; l’entrée lourde à la guitare bien appuyée par un chant puissant (cette voix! j’en suis bouche bée) fait ensuite place à une brillante séquence instrumentale, bien augmentée par des vocalises discrètes, où la guitare acoustique et la section rythmique volent la vedette. Cette petite pépite vient se terminer tout en lourdeur dans la plus pure tradition metal prog. Nul doute, après seulement cinq chansons, il faut savoir reconnaître qu’un soleil brillant se lève en Pologne.
À suivre de très près…
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Midnight Sorrow
« At First » (EP)
Autoproduction
2014
C’est de Strasbourg, en Alsace, que nous arrive Midnight Sorrow, groupe formé à la fin de l’année 2011 par des maniaques de metal symphonique. Le temps de stabiliser la formation, de se faire connaître sur scène et de peaufiner certaines compositions, c’est finalement en février de cette année que le groupe a pu publier son premier EP, nommé « At First« .
C’est avec « Crystal Drops« , une courte pièce instrumentale, que sont lancées les hostilités. On peut immédiatement déceler le fort penchant symphonique des Français qui mélangent avec grâce piano et claviers orchestraux. On enchaîne avec « Waterfall« , chanson très power metal qui joue habilement dans les plate-bandes de Therion avec son rythme effréné qui, une fois de plus, place les claviers à l’avant-plan.
Vient ensuite « Between Sun and Moon« , qui vient nous confirmer notre première impression: le tempo est rapide et on nous gratifie de nouveau de belles envolées aux claviers. On relève l’ajout de chant guttural sur ce morceau; celui-ci se fait discret et vient bien seconder le travail de la chanteuse Maureen Morvan qui nous livre ici sa meilleure interprétation de l’album, bien qu’elle s’exécute également avec beaucoup d’aplomb sur les deux autres plages chantées. Son registre haut et lyrique fait merveille et s’avère un appréciable complément à l’ensemble hautement symphonique.
Si les trois premières chansons s’avèrent très agréables, c’est toutefois la chanson-titre qui vient nous en mettre plein les oreilles en nous offrant un programme varié. Le tout débute avec une jolie entrée au piano, qui introduit le morceau sur un tempo lent. On sent la pièce gagner en intensité à mesure de sa progression, le growl venant amener une belle dimension agressive au tout, qui ensuite se poursuit avec un excellent passage rapide où tous les instruments sans exception ont l’occasion de se faire valoir. Le thème introductif revient ensuite s’imposer pour clore la marche. Définitivement, « At First » est un morceau complexe et extrêmement bien construit.
Le EP vient ensuite se terminer comme il a débuté, c’est-à-dire avec une pièce instrumentale. Toutefois, on a ici affaire à une reconstitution orchestrale librement inspirée de la chanson « Waterfall« . Les arrangements sont si bien ficelés qu’on croit à s’y méprendre que « Behind the Waterfall » met en vedette un véritable orchestre symphonique! Ces arrangements, qui sont l’oeuvre d’Émilien Bontz de Light & Chaos, viennent conclure l’ensemble de manière majestueuse
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Midnight Sorrow débute sa carrière sous les meilleurs auspices. On sent une belle maîtrise instrumentale et vocale et, plus important, on sent le groupe en mesure d’offrir des compositions complexes et bien ficelées, qui seront bien appuyées par une appréciable puissance sonore. C’est avec impatience que l’on attend la sortie du premier véritable album qui est présentement en chantier, bien qu’aucune date ne peut être avancée pour l’instant. Entre temps, on se délectera de cette entrée prometteuse.
by Stéphan Levesque | Mai 11, 2014 | Critiques, Critiques d'Albums

Tuomas Holopainen
(Music inspired by) « The Life and Times of Scrooge«
Nuclear Blast Records
2014
Tuomas Holopainen, ce n’est pas n’importe qui. En fait, il est à mes yeux le Maître, le créateur d’un univers sonore. Tuomas Holopainen, c’est non seulement le claviériste de Nightwish, mais aussi celui qui compose toute la musique de ce groupe qui a influencé tant de groupes. Profitant d’une pause des troupes suite à la longue tournée d’Imaginaerum, le maestro a décidé d’utiliser ce délai afin de mettre en musique une des histoires favorites de sa jeunesse, celle de Scrooge McDuck (notre Picsou à nous, francophones).
Fait intéressant, Holopainen a réussi à s’assurer les talents de Don Rosa, dessinateur de Scrooge McDuck (et aussi de Donald Duck) afin d’illustrer le tout pour ainsi donner à son premier album solo un côté très officiel. C’est donc orné d’une superbe pochette et d’un livret abondamment illustré de dessins dont le style nous est très familier que nous parvient ce disque. Une fois l’émerveillement visuel passé, il ne nous reste plus qu’à plonger tête première dans le contenu musical.
Généralement, les musiciens faisant partie de groupes utilisent le véhicule de l’album solo pour explorer d’autres avenues et se détacher un peu du son de leur groupe d’origine. La règle n’est pas brisée ici alors qu’Holopainen a enfin réussi à mettre la touche finale à ce projet sur lequel il travaillait en parallèle depuis de nombreuses années. Les compositions sont en ce sens volontairement éloignées de Nightwish, dont on ne retrouve aucune trace sonore. Bref, nous n’avons pas du tout affaire à un album métal.
Si l’aspect métal a été laissé de côté, ceci ne veut pas dire qu’on ne retrouve pas sur ce « The Life and Times of Scrooge » quelques repères sonores bien précis. En premier lieu, on peut entendre entre autres les Metro Voices, chorale ayant participé aux trois derniers albums de Nightwish (Once, Dark Passion Play et Imaginaerum). On retrouve ensuite le multi-instrumentiste Troy Donockley qui ajoute une touche celtique au tout avec ses instruments s’apparentant à la cornemuse.
Pendant plus de 60 minutes, on suit les aventures de Scrooge McDuck par le biais d’une riche instrumentation, livrée avec grâce par le Moorstone Orchestra. Le grand Tuomas, lui, complète le tout avec des parties de claviers et, rareté dans son cas, des passages joués sur un véritable piano, ce qui est toujours un gros plus au niveau sonore. Les éléments sont ainsi en place pour un album de musique essentiellement symphonique, en grande partie instrumentale, complétée par de beaux arrangements symphoniques teintés d’une touche celtisante. Il faut donc avoir l’oreille sensible à la musique classique pour pleinement apprécier le tout.
Tel que mentionné plus haut, nous avons donc affaire à un produit fort différent de ce auquel nous a habitué Nightwish, bien que l’on puisse facilement reconnaître la patte du compositeur. Les arrangements sont soignés, somptueux et visent le but très précis de nous amener dans cet univers de rêve si précieux aux yeux de Tuomas Holopainen. Force est d’admettre que l’objectif est atteint car il est très facile de se laisser entraîner dans l’aventure en appréciant la richesse de la musique.
L’album étant en grande partie instrumental, il est toutefois augmenté de très belles performances vocales. Johanna Kurkela, chanteuse très populaire en Finlande et ancienne finaliste d’Eurovision, est tout simplement transcendante sur « Lifetime of Adventure, Glasgow 1877 » et surtout sur la fantastique « The Last Sled« . On peut aussi entendre l’excellent Tony Kakko de Sonata Arctica, qui apporte sa touche personnelle à « Cold Heart of the Klondike« . On peut aussi entendre dans l’ombre, la voix d’une autre populaire chanteuse Finlandaise, Johanna Iivanainen, tandis qu’Alan Reid, membre fondateur du groupe écossais Battlefield Band, vient aussi prêter sa voix au tout.
Aucun doute, c’est avec l’esprit ouvert que l’on doit écouter cet album, dans le sens où celui-ci nous amène sur des territoires non familiers, particulièrement pour la grande majorité des lecteurs de ce site. Ce n’est toutefois pas une raison pour bouder cette œuvre très riche, où arrangements très soignés et une grande musicalité se côtoient pour le mieux. Au-delà de tout ça, Tuomas Holopainen aura encore réussi à prouver qu’il était un compositeur de premier ordre, doté d’une grande sensibilité mélodique. Le meilleur conseil que je puisse vous donner à propos de ce CD est de vous fermer les yeux et de vous laisser bercer par la musique, vous y trouverez votre plaisir à coup sûr. En attendant un nouvel album de Nightwish, ce superbe album devrait vous combler de bonheur.
Stéphan
by Stéphan Levesque | Mai 3, 2014 | Critiques, Critiques d'Albums, Les "Elles" du Métal

Cool! Il paraît que je serais le premier Canadien à m’être procuré la version CD physique de « Through Darkness and Light« , qui marque les débuts (prometteurs) du groupe roumain The Hourglass. Et puis tant qu’à vous introduire à une formation de ce pays, aussi bien en faire un deux pour un en complétant avec Whispering Woods, dont les musiciens sont originaires de la même ville, soit Cluj-Napoca en Transylvanie. Au fait, saviez-vous que 65% du vocabulaire de la langue roumaine provient du latin? On en apprend des choses avec moi, n’est-ce pas? Bon, ok, la leçon est finie, parlons musique… – Steph
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The Hourglass
Through Darkness and Light »
autoproduction
2014
Entre le processus d’écriture et le moment où un album paraît sur le marché, la route est souvent sinueuse pour les jeunes groupes n’ayant pas droit au support d’une maison de disques. C’est d’ailleurs près de quatre ans après sa formation, marqués par l’enregistrement d’un EP de cinq chansons (« Requiem« , paru en 2011) et d’un long processus de financement et de production que le groupe roumain The Hourglass peut enfin nous offrir son tout premier album, « Through Darkness and Light« .
The Hourglass s’introduit à nous en se présentant comme une formation symphonique teintée d’une touche électro/industrielle. La formulation se révélerait plus juste si elle était présentée à l’inverse, ce dont nous reparlerons un peu plus tard car en premier lieu, les oreilles du mélomane seront attirées par le chant de Alma Vomastek. Dotée d’une puissante voix, la chanteuse s’exécute dans un registre très haut, le tout de façon très naturelle, sans effort. Nous avons donc affaire à une impressionnante démonstration de chant soprano qui saura ravir les amateurs du genre.
Pour en revenir à l’aspect instrumental, disons en effet que c’est la composante électro/industrielle qui s’impose aux dépens de l’aspect symphonique, tout d’abord en raison du choix des sons de claviers. Ceux-ci, omniprésents, tombent rarement dans la reproduction orchestrale pour davantage donner une touche électronique aux onze pièces. En ce sens, la palette sonore utilisée par la claviériste Ioana Dirva est très variée, passant des sons de cordes sur « Requiem« , de l’orgue sur « Dies Irae« , et bien sûr par ces sons électro très présents sur toute la longueur de l’album. Elle a également parsemé du piano sur quelques passages afin d’inculquer une plus grande chaleur à l’ensemble qui, autrement, aurait pu nous laisser une certaine impression de froideur causée par ces sons plutôt synthétiques. Sur cet attribut de sa musique, The Hourglass vise à se détacher du lot et on l’on doit dire que c’est bien réussi.
Le côté industriel, lui, passe davantage par les autres instruments. Très carrée, la section rythmique s’impose par sa lourdeur, particulièrement le batteur Bogdan Mara qui mène habilement la barque avec énergie. Cette lourdeur s’invite à nos oreilles dès le premier morceau, « Dying Star« , qui nous donne déjà une bonne idée de ce qui nous attend avec ces claviers électro et ce rythme pesant. La basse et la guitare suivent fidèlement la parade et amènent une belle profondeur à l’ensemble. Surtout appelé à jouer les soutiens, le guitariste Andrei Buciuta nous gratifie de quelques bons solos, entre autres sur la jolie ballade « Dare« , ainsi que sur « Away« , pièce à l’instrumentation variée. Dans la lignée de cette dernière, « Magdalene » démontre que le groupe sait aussi composer des morceaux plus accrocheurs, cette chanson présentant une mélodie entraînante qui a tendance à vouloir coller aux oreilles.
On saura également apprécier les habiles cassures de rythmes observées sur « Requiem« , avec son intro d’inspiration classique ainsi que sur la très symphonique « Rise« . De son côté, l’introduction de « The Fall » nous sert un joli clin d’oeil à « l’Imaginaerum » de Nightwish, tout comme « Way Home » dont la sonorité nous suggère que les membres du groupe ont dû écouter une fois ou deux la musique des maîtres finlandais. Autre aspect fort intéressant, The Hourglass s’aventure sur un terrain rarement exploré par ce type de groupe: celui du format long. En effet, « Abandoned » chiffre presque dix minutes au compteur; formée de six courtes parties habilement reliées entre elles par de courts interludes assurés par les claviers et joliment enrobées par une introduction et un épilogue au piano, cette dernière constitue une réussite éclatante, nous faisant regretter que peu de groupes se risquent au jeu des longues pièces.
Que dire de plus? Le moins que l’on puisse dire, c’est que The Hourglass a bien pris le temps de peaufiner toutes les composantes de son produit afin d’effectuer une entrée remarquée, cet énoncé s’appliquant autant à la musique, à la production, qu’à la présentation visuelle. En effet, « Through Darkness and Light » nous arrive accompagné d’un très beau livret, sombre et sobre, le tout orné d’une très belle pochette. Le groupe nous offre gracieusement son album sur Bandcamp dont le lecteur est plus bas, ce qui m’amène à vous faire un peu la morale: les groupes ont besoin des fans pour vivre, donc si vous aimez n’hésitez pas à commander le CD ou à verser un montant pour le téléchargement en mp3…
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Whispering Woods
« Fairy Woods«
autoproduction
2012
Il est à peu certain qu’au cours de votre vie, lors de discussions tournant autour de la musique avec des personnes de votre cercle social, vous avez eu droit à des expressions d’horreur à peine dissimulées au moment où vous avez mentionné écouter du metal. Trop de gens identifient ce genre musical à une musique toujours agressive, lourde, voire hargneuse. Pourtant, lorsque l’on retire nos oeillères, on peut facilement découvrir une autre facette de cette riche famille musicale: Whispering Woods, grâce à premier album « Fairy Woods« , vient nous le rappeler de splendide manière.
En effet, nous nous retrouvons devant un album qui mélange brillamment les genres, passant avec aise du gothic metal à la musique folklorique aux influences médiévales. Tout au long de ce premier album, une ambiance lourde entre toujours en conflit avec des sonorités aigües et légères, nous plaçant constamment sur le qui-vive tant nos oreilles sont appelées à entendre se côtoyer plusieurs genres musicaux. Il est d’ailleurs difficile, en bout de ligne, de classer Whispering Woods dans une case spécifique tant sa musique est riche et nuancée.
« Well of Dreams« , l’instrumentale qui ouvre l’album, contribue à installer ce climat inquiétant que l’on retrouvera sur toute la durée du disque, avec sa rythmique lourde bien contrebalancée par le piano. La composante folk se fait ensuite sentir sur « The Call of the Trees« , pièce médiévale à souhait, ouverte par la flûte traversière, celle-ci se voyant ensuite rejointe par les guitares, électrique et acoustique, cette dernière s’imposant comme une importante composante du son du groupe. Cette première pièce chantée nous permet également de faire connaissance avec la superbe voix d’Alexandra Burca, qui en alliant puissance et douceur, aide pleinement l’auditeur à entrer dans la musique.
Cet habile mélange de douceur et de lourdeur se fait bien sentir sur « Ode to the Leviathan« , qui encore une fois alterne parfaitement passages acoustiques et électriques. Permettons-nous d’utiliser de nouveau le mot «nuancée» pour définir cette chanson qui s’avère une belle aventure avec sa séquence centrale parlée, ses multiples changements de rythme et sa partie acoustique finale où se croisent flûte, piano et guitare. Sur « Ghost in the Monastery » et « Realm of Darkness« , cette deuxième étant une reprise d’une chanson du groupe autrichien Darkwell, c’est davantage le côté rock de Whispering Woods qui s’affirme grâce une rythmique lourde et une ambiance plus sombre, toujours bien balancée par la flûte de Catalina Popa qui vient toujours apporter une touche lumineuse aux arrangements.
« Black Wedding« , quant à elle, nous offre un sympathique croisement entre la « Marche nuptiale » de Wagner et la « Marche funèbre » de Chopin, le tout bien augmenté par une instrumentation sombre. Les fans de gothic metal seront ici aux anges, tout comme sur « Curse of the Nightingale » où l’orgue installe une ambiance inquiétante. Autre bel exemple de mélange des genres, « Queen Medusa » allie habilement rock lourd, passages acoustiques et chant absolument transcendant. Les quatre autres pièces, dont nous éviterons de parler de peur de sombrer dans la redondance, poursuivent dans la même veine et contribuent à garder captif l’auditeur qui ne pourra que constater la richesse des arrangements.
Pas de doute, la musique de Whispering Woods vaut largement le détour, elle qui sort des sentiers battus et qui joue sur plusieurs tableaux, faisant de « Fairy Woods » une grande réussite qui saura plaire aux fans de plusieurs genres musicaux. Vous pourriez donc surprendre votre entourage terrorisé par l’amateur de musique grasse que vous êtes en insérant ce CD dans votre lecteur pour leur démontrer que le metal peut aussi être une affaire de finesse. Le groupe besogne présentement sur la mise en chantier d’un deuxième album, cette fois pour le compte de la maison Loud Rage Music qui, espérons-le, réussira à promouvoir comme il se doit la superbe musique offerte par son nouveau poulain.
by Stéphan Levesque | Avr 19, 2014 | Critiques, Critiques d'Albums, Les "Elles" du Métal

Le printemps se pointe enfin le bout du nez! Cette année, l’arrivée du beau temps (ou du moins du pas pire beau temps…) ne correspond pas seulement au réveil de la nature, mais aussi à un regain d’activité impressionnant du côté des groupes à voix féminines. La quatrième galette de Delain était bien sûr fort attendue, mais laissez-moi aussi revenir en 2013 afin de vous faire découvrir Vita Nova et sa fantastique chanteuse, VK Lynne. Bonne lecture! – Steph
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Delain
« The Human Contradiction«
Napalm Records
2014
En 2006, en raison du grand nombre d’invités présents sur leur premier album, l’excellent « Lucidity« , on croyait bien que Delain était destiné à vivre uniquement en tant que projet de studio. Toutefois, le succès majeur obtenu par ce premier essai et la révélation que fut la chanteuse Charlotte Wessels ont carrément changé la donne; c’est ainsi que de fil en aiguille Delain s’est imposé comme un incontournable, autant sur scène qu’en studio. Ce ne serait donc pas exagéré de prétendre que le quatrième album des Néerlandais, « The Human Contradiction« , était l’un des disques les plus attendus de l’année par les fans de métal symphonique.
Généralement, lorsque les attentes sont très hautes, plusieurs fans sont déçus. Bien franchement, il serait bien surprenant que ce soit le cas ici car c’est plus fort que jamais que Delain nous revient, nous offrant sans aucun doute son œuvre la plus constante. Si l’on pouvait relever une baisse de régime en milieu de parcours autant sur « April Rain » (2009) que sur « We Are the Others » (2012), on ne peut en dire de même des neuf pièces qui forment ce nouvel ensemble. Du début à la fin, le niveau d’intensité se maintient au plafond et les musiciens eux, gardent le pied fortement appuyé sur la pédale d’accélération.
La principale raison pouvant expliquer ce meilleur niveau de constance: la cohésion musicale autour d’une équipe plus stable. En effet, de nombreux musiciens ont gravité autour du noyau Martijn Westerholt/Charlotte Wessels sur les premiers albums et lors des tournées, ceci ayant inévitablement une conséquence. Cette fois, la formation présente sur « The Human Contradiction » s’avère être la même que lors de la dernière tournée du groupe, permettant ainsi aux compositions de mieux mettre en valeur les forces de chacun.
Dans cet ordre d’idée, c’est Timo Somers qui tire le mieux son épingle du jeu, son travail à la guitare se faisant impeccable, alternant à merveille entre quelques bons solos et surtout des riffs extrêmement efficaces qui amènent à la fois une lourdeur et une accessibilité qui laissent une empreinte durable sur chacun des morceaux. Le leader et claviériste Martijn Westerholt n’est bien sûr pas laissé de côté, lui qui imprègne chaque chanson de couches de claviers denses et symphoniques. Même lorsqu’il joue en délicatesse, comme lorsqu’il reproduit la mélodie d’une berceuse en sous-impression de la guitare sur les couplets de « Lullaby« , la formule fait merveille.
La musique est aussi très bien augmentée par de riches arrangements orchestraux et par l’efficace section rythmique: Sander Zoer possède une solide frappe à la batterie et Otto Schimmelpenninck van der Oije qui, outre le fait de posséder le plus impressionnant nom à rallonge du rock, supporte le jeu de ses collègues avec brio. Ajoutons à tout cela le chant entraînant, dynamique et bien mesuré de Charlotte Wessels (la dame maîtrise bien ses forces et connaît bien ses limites) et nous nous retrouvons en présence d’une machine bien huilée.
Conformément à la formule habituelle, des chanteurs invités viennent augmenter le tout. Tout d’abord, question de conforter les fans du groupe dans leurs pantoufles, Delain a fait appel à deux invités familiers, soit George Oosthoek (qui avait participé à « Lucidity« ) qui apporte son chant guttural sur « Tell Me, Mechanist« , et Marco Hietala (présent sur « Lucidity » et « April Rain« ) qui se fait entendre sur « Your Body is a Battleground » et « Sing to Me« . Finalement, afin d’apporter un vent de fraîcheur, une nouvelle venue fort appréciée effectue son entrée en la personne d’Alissa White-Gluz, nouvelle voix de Arch Enemy, dont la présence fait flèche de tout bois sur l’éblouissante finale qu’est « The Tragedy of the Commons« , pièce où l’on peut aussi reconnaître Georg Neuhauser (Serenity) si l’on s’attarde aux choeurs.
Permettez-moi au passage de vous recommander l’acquisition de la version deluxe, la qualité du deuxième disque en valant la peine (ce qui n’est pas toujours le cas) pour la différence de deux ou trois dollars. Ce CD boni contient deux chansons inédites, la jolie ballade « Scarlet« , et « Don’t Let Go« , qui n’aurait pas dévalué la valeur du premier disque. Nous sont également offertes cinq chansons en spectacle, ce qui permettra aux gens moins familiers avec Delain de découvrir comment le groupe sonne sur scène, ainsi que des versions orchestrées de « Sing to Me » et de « Your Body is a Battleground« .
En bout de ligne, si « The Human Contradiction » n’apporte pas tant de nouveauté au moulin, il réussit à offrir un condensé brillant de ce qui faisait la force des trois premiers albums du groupe, soit la puissance symphonique de « Lucidity« , le côté accrocheur « d’April Rain » et l’énergie rock plus brute de « We Are the Others« . En contrepartie, les faiblesses ont été gommées, en particulier le registre des chansons plus atmosphériques, permettant aux Néerlandais de nager dans leur zone d’aise, formée de pièces denses et intenses. N’ayons pas peur de le dire, Delain n’est plus un doué et sympathique second, il se hisse grâce à cet album magistral au rang des têtes d’affiches. Mon album de l’année? Encore trop tôt pour le dire, mais celui-là sera très difficile à déloger…
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Vita Nova
album éponyme
autoproduction
2013
Connaissez-vous VK Lynne? Non? Vous devriez. Chanteuse américaine, elle a publié son premier album solo, « Whiskey or Water« , à la fin de l’année 2009. Elle est également la fondatrice de Eve’s Apple, un ancien regroupement dont le but était de faire connaître de multiples chanteuses originaires de partout dans le monde. Femme aux nombreux projets, vous pourrez aussi l’entendre sur le deuxième album de stOrk, « Broken Pieces » (la sortie est prévue pour le 29 avril), supergroupe formé par le guitariste Shane Gibson (ex-Korn, malheureusement décédé le 15 avril de troubles sanguins à l’âge de 35 ans) et le formidable batteur Thomas Lang, et bientôt elle nous présentera son nouveau groupe, From Light Rose the Angels. Ceci dit, je m’attarderai ici sur le groupe qu’elle a formé l’an dernier, Vita Nova.
Pour ce projet, la chanteuse s’est entourée du guitariste et compositeur Federico Salerno (il tient aussi les parties de claviers), du batteur Thomas D’Alba (il fait partie du groupe Deva avec Salerno) et du bassiste Tony Corizia. Elle s’est aussi adjointe les services de sept (!) chanteurs qui viennent prêter leur voix à l’ensemble. Ces invités sont: Helen Vogt (Flowing Tears), Iliana Tsakiraki (Enemy of Reality, ex-Meden Agan), Maxi Nil (Jaded Star, ex-Visions of Atlantis), Babis Nikou (Jaded Star), Kerstin Bischof (ex-Xandria, ex-Axxis), Gogo Melone (Luna Obscura) et Grace Méridan (ex-Shield of Wings).
Malgré cette impressionnante brochette, le focus est toutefois porté sur la leader, dotée d’une voix grave et très chaleureuse. Si certaines chanteuses se démarquent par leur puissance vocale, VK mise surtout sur sa profondeur et sa grande souplesse, elle qui peut chanter dans des registres très variés. Cette versatilité vocale permet à Vita Nova d’explorer plusieurs avenues, ayant pour résultat un album qui est tout sauf monotone. En conséquence, il est bien difficile d’insérer Vita Nova dans une case musicale précise; bien que ce soit la composante composante rock symphonique qui émerge un brin de l’ensemble, le tout est parsemé de touches acoustiques et folks qui viennent ici et là agrémenter le cours des festivités.
Du côté instrumental, c’est la guitare qui se démarque, de bons solos faisant surface sur « Taking on the World » (gracieuseté de l’invité Shane Gibson), sur la pièce-titre et sur l’excellente « Scary Place« , qui met aussi en évidence d’habiles arrangements orchestraux aux claviers. Quant à « On Christmas Day« , elle nous offre deux passages à l’accordéon, bien complétés par un autre très bon solo; définitivement, Federico Salerno maîtrise bien la six cordes. Question d’ajouter davantage de variété et un peu de testostérone au tout, Babis Nikou vient prêter sa voix sur « Ephemeral« , qui par son ambiance flirte avec le rock progressif. Quant aux six invitées féminines, elles oeuvrent dans l’ombre, mais on peut très bien les identifier lorsqu’on s’attarde davantage aux back vocals.
Si l’ensemble est bien construit et extrêmement bien exécuté, on peut toutefois émettre une réserve concernant la production. En effet, la sonorité est sourde, manque de puissance et, ainsi, ne rend pas justice à la qualité des musiciens en place. Si j’ai amplement parlé de la qualité de la guitare, il ne faut pas mettre en plan la section rythmique qui s’en tire à merveille, mais qui est malheureusement un peu tirée vers le bas en raison de la production.
Au passage, on peut également se permettre de se questionner sur le choix d’inclure trois versions de la chanson « Taking on the World« . Cette dernière est très solide mais était-ce vraiment nécessaire d’ajouter sur le CD la version radio raccourcie, alors que la version «normale» et la très réussie version électro-acoustique auraient amplement fait l’affaire? Si l’on ajoute le fait que l’on nous sert « Scary Place » à deux reprises, une certaine impression de redondance peut s’installer. C’eût été une bonne idée d’offrir ces versions alternatives aux fans via certaines plate-formes de téléchargements afin de faire place à davantage de matériel original sur la version physique.
Une fois ces réserves émises, il est bien difficile de ne pas se laisser transporter par cet album contenant des mélodies accrocheuses et une musicalité surprenante dont on découvre toutes les subtilités au fil des écoutes. Par-dessus tout, il est impossible de résister à l’envoûtante voix de VK Lynne, une chanteuse qui mériterait davantage d’auditoire et de reconnaissance. Découvrez Vita Nova sur Reverbnation (lien ci-dessous) et bien sûr, si vous aimez, achetez!
by Stéphan Levesque | Avr 5, 2014 | Critiques, Critiques d'Albums, Les "Elles" du Métal

Voici le retour de ma chronique dans son format simple alors que je vous présente la revue de 2 albums qui s’avèrent les 1ers vrais albums pour Avatarium et Valkyre. Bonne lecture. – Stéphan
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Avatarium
Album éponyme/Self-titled
Nuclear Blast
2013
Candlemass. Juste en commençant cette critique avec ce nom, je suis certain d’avoir mis dans le mille afin d’attirer votre attention. Si l’avenir discographique de la mythique formation suédoise semble bien incertaine et que celle-ci offre ses spectacles sur une base sporadique, le leader Leif Edling ne s’est pas pour autant enfoncé dans son divan avec une bière et un gros sac de chips. Non. Compositeur dans l’âme, Edling avait un as caché dans sa manche et c’est à la fin de la précédente année qu’il nous l’a dévoilé alors qu’est paru sur le marché le premier album de son nouveau projet, nommé Avatarium.
Après avoir collaboré avec moult groupes et musiciens au fil des ans, voici que Edling se retrouve pour la première fois de sa carrière à écrire de la musique pour une voix féminine. C’est donc la présence à l’avant-scène de Jennie-Ann Smith qui justifie que l’on m’ait confié la lourde tâche (devoir écouter de la musique, la vie est dure n’est-ce pas?) de vous partager mes appréciations concernant ce nouveau projet.
N’étant pas vraiment familier avec Candlemass, j’y dû aller m’y tremper les oreilles, question de pouvoir établir un parallèle convenable entre Candlemass et Avatarium, si bien sûr parallèle il y a. Disons-le sans hésiter, oui il y a un lien – et c’est on ne peut plus normal – mais ne vous y méprenez pas, Edling ne nous offre pas un pâle produit dérivé. Avatarium mène sa propre vie… tout en ne s’éloignant pas trop du navire amiral.
D’entrée de jeu, sur « Moonhorse« , on reconnaît ce son sombre et atmosphérique typique au doom metal. On sera toutefois immédiatement séduit par les cassures opérées dans la mélodie ainsi que par la présence épisodique de la guitare acoustique et des claviers denses qui viennent soutenir le jeu. Ce premier morceau représente bien l’ensemble du disque, qui constitue un tout ficelé intelligemment qui ne tombe jamais dans la monotonie. Ensuite, « Pandora’s Egg » pourra nous rappeler Opeth par sa lourdeur tout en nous amenant dans le territoire du bon vieux Black Sabbath via la guitare de Marcus Jidell. Les évocations à ces deux monstres sacrés ne sauront pas vous déplaire, loin de là!
Si la pièce-titre s’apparente beaucoup à « Moonhorse« , le tempo accélère un brin sur « Boneflower« , chanson aux sonorités typiquement seventies avec ce solo de guitare déchirant et surtout cet orgue et ce mellotron qui font directement référence à la décennie de ma venue sur cette Terre. Le charme de Avatarium se situe surtout à ce niveau: nous savons très bien avoir affaire à un album récent mais on se sent constamment ramené à une autre époque sans tomber dans le passéisme. Le court solo de clavier présent sur « Bird of Prey » illustre parfaitement cette dualité. Voici donc un album que vous pouvez risquer de faire écouter aux tenaces nostalgiques de votre entourage afin de les amener en douceur vers quelque chose de plus moderne.
Quant à « Tides of Telepathy« , elle fait un beau clin d’oeil aux fans de rock progressif grâce entre autre à une finale instrumentale des plus brillantes où guitare et batterie se renvoient la balle avec brio, le tout soutenu par ce clavier riche et la basse bien pesante du leader. Ajoutons au passage que Leif Edling a su choisir de manière judicieuse la voix qui accompagnerait la solide musique qu’il nous offre; en effet, Jennie-Ann Smith livre une performance efficace, elle qui ne tente pas de pousser inutilement la note, ce qui serait incompatible avec ce genre de musique. Son interprétation, juste et mesurée, se marie parfaitement à l’ambiance musicale et saura séduire ceux qui ne sont pas à prime abord attirés par les voix féminines.
En bout de ligne la réussite est éclatante, « Avatarium » étant un album inspiré et bien construit. Il ne reste qu’à savoir si cette nouvelle aventure musicale ne sera qu’une parenthèse dans la carrière déjà bien remplie de Leif Edling ou si nous aurons droit à une suite dans le futur. En attendant, ne vous posez pas de questions et enfilez vos écouteurs, le voyage musical en vaut la peine.
Valkyre
« Our Glorious Demise«
Valkyrie Rising
2014
J’ai toujours bien aimé l’expression «l’occasion fait le larron». En tant que larron qui écrit des critiques, je suis toujours avide de découvertes à partager avec vous. Une occasion de découverte m’est parvenue directement dans ma boîte de courriel alors que la maison de disques Valkyrie Rising, après avoir jeté un œil sur mon élogieuse critique du « White Crow » de La-Ventura, m’a fortement suggéré de porter mon attention sur un autre de leurs protégés, le groupe belge Valkyre.
En faisant une courte recherche sur l’historique du groupe, j’ai été surpris de constater que la genèse de Valkyre date de la fin 2004. Nous avons donc affaire à un groupe qui a progressé lentement et qui a vécu plusieurs mouvements de personnel au fil du temps; d’ailleurs, seul le guitariste Kris Scheerlinck fait partie de l’aventure depuis les débuts. Après avoir publié les démos « On Both Sides We Pray » en 2006 et « Consolamentum » en 2007, voici que tombe finalement dans les bacs le tout premier album du groupe, « Our Glorious Demise« , qui vient couronner dix ans de changements et de travail.
Chose courante de nos jours chez les groupes avec chanteuse, Valkyre nous offre un metal très mélodique avec de belles sonorités de claviers, le tout parsemé de courts passages plus musclés plus typiquement power. Bref, rien de très original au menu, ce qui ne veut pas dire que l’on doive passer notre tour, car Valkyre sait bien faire les choses et nous offre un contenu intéressant.
« Our Glorious Demise » démarre sur les chapeaux de roues avec « Stories« , chanson très réussie où une belle introduction au piano, une section rythmique très vivante et un très bon solo de guitare viennent nous promettre le meilleur. Tout au long de l’album, les bons moments ne manquent pas: Kris Scheerlinck brille à plusieurs reprises grâce à des solos où il nous démontre une grande dextérité tandis que la claviériste Nele Colle (elle a quitté le groupe depuis ce temps) a su créer de belles ambiances en support des mélodies, tout en nous servant elle aussi de bons solos à l’occasion. La rythmique se fait également très présente; en conséquence, la principale qualité de Valkyre est la belle cohésion qui règne entre les musiciens.
Toutefois, tout au long de l’écoute, on sent qu’il manque un petit quelque chose, ce déclic, cet ingrédient qui permettrait de générer plus d’enthousiasme chez le mélomane. Au chapitre des maladresses, relevons d’abord le chant masculin, plutôt terne lorsqu’il vient supporter sa collègue Claudia Michelutti qui elle, sans tout casser sur son passage, nous offre un chant juste et agréable. Heureusement, ces interventions vocales masculines sont très limitées.
Ensuite, Valkyre ne se montre pas sous son meilleur jour lorsqu’il joue la carte des ballades ou des pièces moins rythmées. Ainsi, « Will u be There » et « Walk my Love« , placées consécutivement en fin de première moitié d’album, ne sont pas des plus convaincantes. Dans ce registre, le résultat se révèle plus probant lorsque ces passages plus doux font office d’introduction, comme on peut l’entendre sur « Consolamentum » et surtout sur « Wide Awake« , possiblement la meilleure pièce de l’album.
Après plusieurs écoutes, je ne peux que constater que Valkyre est un groupe talentueux qui offre une musique bien peaufinée même si, comme je le mentionne ci-haut, il manque un petit quelque chose à « Our Glorious Demise » pour générer cet éclair, ce «wow» que l’on attend pendant 40 minutes, ceci ayant pour résultat un album agréable et recommandable, mais pas mémorable. Souhaitons donc en terminant que les Belges ne mettront pas dix autres années avant de remettre ça, eux qui ont le potentiel voulu pour se démarquer.