La Messe Des Morts VI (Genèse (Piranha Bar) : Ulcerate, Zhrine, Phobocosm, Auroch, Outre-Tombe, Psaume I (Théâtre Plaza) : Mgla, Cult of Fire, Morrigan, Blaze of Perdition, Monarque, Moonreich, Cantique Lépreux, Blackscorn, Psaume II (Théâtre Plaza (annulé à la dernière minute) : Graveland, Aosoth, Forteresse, Uada, Mayhemic Truth, Sangus, Ossuaire), à Montréal du 24 au 26 novembre 2016

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La poussière commence à retomber et, au moment de lire ces lignes, la plupart d’entre vous sont probablement déjà très au courant que le Psaume II de la Messe Des Morts a dû être annulé en raison des actions très violentes posées par une quarantaine (d’après mes propres observations) de «militants antifascistes» autoproclamés s’opposant à la venue de Graveland à Montréal et condamnant par association plusieurs autres groupes qui n’ont rien à se reprocher juste avant l’ouverture des portes pour ledit concert final du festival. Loin de moi l’idée d’utiliser Ondes Chocs comme un vecteur de mes propres opinions politiques que je préciserai d’entrée de jeu avoir toujours été de centre tendant légèrement à gauche et favorisant l’indépendance du Québec, mais je crois qu’un rapport équilibré des faits est encore de mise devant la couverture totalement biaisée des médias de masse avant et pendant le seul festival Black Metal en Amérique du Nord. Avant de faire la revue des deux soirs de la Messe Des Morts VI qui ont bien eu lieux, je désire donc faire une mise au point sur ce dont j’ai été témoin cette fin de semaine là.

Tout d’abord, dans les semaines qui ont précédé la Messe des Morts VI, ceux qui passent un peu de temps sur Facebook ont pu constater qu’une organisation se prétendant antifasciste lançait des accusations de racisme, de néo-nazisme et d’antisémitisme contre le groupe Graveland, tête d’affiche principale de la sixième Messe Des Morts. Puisque les paroles du groupe ne traitent pas de politique moderne et se concentrent sur le paganisme, les histoires de batailles médiévales et le Seigneur des Anneaux, ceux-ci s’appuyaient dans leurs accusations sur des propos, disons-le, déplorables de Rob Darken, le leader de la formation polonaise, tenus il y a plus de 15 ans et desquels le principal intéressé s’est distancié dans des déclarations plus récentes. Autre preuve à charge des «Antifas» à l’endroit du groupe, sa participation en avril dernier au «Hot Shower» festival en Italie, festival ouvertement NSBM (National Socialist Black Metal), nommé ainsi en référence aux tristement célèbres chambres à gaz employées par les nazis dans la Seconde Guerre mondiale. Ces accusations étaient semble t’il suffisantes pour associer, dans une campagne de salissage impliquant rapidement La Presse, Le Devoir, le Journal de Montréal, le maire de Montréal Denis Coderre et le député fédéral NPD de Rosemont-La Petite Patrie Alexandre Boulerice: le promoteur Sepulchral Productions, les groupes de la scène Métal Noir Québécois (qui tiennent un discours nationaliste civique qui n’a rien à voir avec le nazisme) et les participants à la Messe Des Morts, au fascisme, au racisme et à l’antisémitisme. Lesdits militants prévoyaient donc de tout tenter pour faire dérailler la Messe Des Morts VI.

C’est donc sans anicroche, mais sous une surveillance policière et des règles de sécurité renforcées (fouille systématique, interdiction de gestes politiques et interdiction de sortir de la salle sous peine de se voir refuser de rentrer à nouveau) que se déroulèrent les deux premières soirées de la Messe. Cependant, le dernier soir une quarantaine de manifestants tous masqués se présentèrent au Métro Beaubien, à un jet de pierre du Théâtre Plaza vers 16h avec la participation du député précédemment nommé pour protester contre le concert. Vers 17h, ceux-ci se dirigèrent avec fracas devant le Théâtre Plaza, bien vite surveillés par quelques dizaines de policiers antiémeutes du SPVM qui fermèrent le quadrilatère à la circulation et en profitèrent pour s’en prendre physiquement aux quelques malheureux qui attendaient devant la salle et à la sécurité du Théâtre Plaza qui tentait d’ouvrir la porte de la salle à l’heure prévue. Brasse-camarade, fumigènes utilisés comme arme, feu dans les plates-bandes, «taxage» de certains items de groupes jugés «louches», humiliation publique drôlement misogyne d’une amatrice de Black Metal: tous ces moyens peu orthodoxes et loin d’être pacifiques furent employés par les «antifas» qui en retour furent simplement repoussés derrière une ligne de cônes orange très près de l’entrée de la salle.

Pendant ce temps, en contrepartie, plusieurs centaines d’amateurs de Black Metal de toutes les couleurs et de toutes les origines (tout comme plusieurs des membres de formations invitées parce que ce festival a une renommée et une portée internationale) qui avaient leurs billets pour cette soirée à guichet fermé se massaient pacifiquement au froid sur le trottoir de la rue Beaubien sous l’œil attentif des policiers et de la sécurité du Théâtre Plaza. Tous pensaient que la situation se calmerait et qu’on pourrait entrer à l’intérieur ou que les policiers finiraient par intervenir contre les agitateurs qui avaient déjà causé des dommages à la propriété publique et attaqué physiquement des gens pacifiques. Toutefois, à l’intérieur, les organisateurs du concert et la sécurité avaient découvert des objets dangereux cachés par des manifestants ayant trouvé des billets pour le concert de la veille et s’étant infiltrés à l’intérieur pour préparer un coup d’éclat le samedi soir. Devant le doute que d’autres «antifas» se faufilent à l’intérieur malgré les fouilles et ne mettent en danger la sécurité et la santé des participants, vers 19h10, les organisateurs décidèrent d’annuler toute la soirée, subissant des conséquences financières désastreuses.

Bientôt, les centaines d’amateurs de Black Metal dépités se dispersèrent relativement très calmement alors que les manifestants, eux, restèrent un moment, obligeant les musiciens et membres de l’organisation à sortir voitures après voiture sous protection policière. Puis, ils se dirigèrent à l’Hôtel Chrome, où logent une bonne part des spectateurs de la Messe Des Morts qui ne viennent pas de Montréal et les musiciens des groupes invités, où ils firent du grabuge pendant la nuit. Fumigènes lancés sur deux étages, déclenchement des alarmes de feu à plusieurs reprises qui força une évacuation de l’hôtel dans le froid (où logeaient aussi des familles et des voyageurs qui n’ont aucun rapport avec le Black Metal et la Messe Des Morts), blocage des sorties de secours; furent les moyens démesurés employés selon plusieurs témoins par les «antifas». D’autres amateurs de Black Metal furent aussi attaqués et taxés dans des bars autour de la Plaza, alors qu’ils consolaient leur peine dans le houblon.

Pourtant, le lendemain les grands journaux et médias faisaient simplement état de l’annulation du concert d’un «groupe d’extrême droite», probablement sur la simple foi de témoignages du camp opposé à Graveland, et signalaient même qu’il n’y avait eu aucun accrochage…Et les «antifas» eux se félicitaient de leur «réussite» et se promettaient de récidiver au concert de Mayhem le 20 janvier prochain au Club Soda.

Qu’y a-t-il à conclure de tout ça? Je me contenterai de quelques questions et pistes de réflexion : peut-on accuser tout un groupe de musique en raison de déclarations fâcheuses d’un seul de ses membres qui ne sont pas contenues dans sa musique, mais dans de vieilles entrevues de plus de 15 ans et desquelles il s’est distancié par la suite? Peut-on attaquer un groupe et les fans qui vont assister au concert qu’il donne parmi de nombreuses autres formations en raison de sa participation à un concert passé qui avait une saveur politique qui nous choque? Peut-on par association, salir la réputation d’un promoteur et d’une scène entière parce que Graveland est sur la même affiche qu’eux? Peut-on utiliser des moyens extrêmement violents s’apparentant à du terrorisme amateur envers de simples amateurs de musique de TOUTES origines pour faire dérailler un concert qui n’a rien d’un rassemblement politique parce qu’on est en désaccord avec les positions d’un seul membre d’un des groupes présents? Le fascisme, n’est-ce justement pas de censurer par la violence ce que l’on n’aime pas ou ce qu’on considère immoral? Les médias de masse ne sont-ils pas là pour rapporter les faits de manière objective, c’est-à-dire en allant vérifier des deux côtés de la médaille? Qu’y a-t-il à penser d’un député qui donne son appui inconditionnel à des manifestants aux moyens violents même s’il a quitté les lieux avant que la violence ne soit utilisée?

Comprenons-nous bien, je suis loin d’appuyer le fascisme, ni les idéologies d’extrême droite, mais justement cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille tomber dans un autre extrême qui est celui d’amalgamer tout et d’attaquer violemment pour censurer des gens dont la seule culpabilité est d’avoir voulu assister à un concert unique d’un groupe de Black Metal admiré partout dans le monde pour sa musique et non pour les opinions de son chanteur. Salvador Dali était un communiste stalinien confirmé, est-ce qu’on devient communiste en regardant ses peintures? Louis-Ferdinand Céline était un raciste et antisémite convaincu, devient-on raciste et antisémite en lisant «Voyage au bout de la nuit»? Je ne crois pas…Passons maintenant à la revue des deux concerts du festival qui auront eu lieu.

Genèse

Même si la Messe Des Morts est un festival se concentrant sur le Black Metal principalement, pour plusieurs des éditions précédentes du festival, la présence de quelques formations penchant du côté Death Metal ou du Blackened Death Metal sombre, occulte et crasseux n’a jamais été exclue par Sepulchral Productions. Cependant, cette année, la première soirée du festival était pour la première fois entièrement consacrée à ce type de formations et serait aussi tenue au Piranha Bar de la rue Sainte-Catherine plutôt qu’à la Coop Katacombes du boulevard Saint-Laurent. Après un repas animé au Frites Alors! situé en dessous du Piranha Bar en compagnie d’amis amateurs de Black Metal québécois et états-uniens, ma tigresse métallique et moi nous dirigeâmes au deuxième étage, où se trouve la salle de spectacle intime, peu avant le début du concert.

Outre-Tombe de Québec avait la lourde tâche d’entamer le festival avec son Death Metal de la vieille école européenne qui a déjà fait ses preuves à l’aide de leur album «Répurgation» paru en 2015. Si vous ne jurez que par Asphyx, Morgoth, Pestilence et consorts, Outre-Tombe est en plein dans vos cordes et la foule nombreuse sembla immédiatement captivée par le son vintage du quatuor ravageur. Malgré un son un peu sourd et un vocal inaudible, la situation fut vite arrangée derrière la console et on eut droit à environ une demi-heure de bon vieux Death Metal livré avec conviction et aplomb. Ce fut donc un début de soirée et de festival particulièrement réussi devant une salle comble.

Auroch, un trio de Vancouver, était une formation que j’avais bien hâte de voir sur scène, notamment parce qu’elle est menée par S.M. un ancien membre live de Garotting Deep qui est aussi bassiste et vocaliste dans Mitochondrion. De plus, S.H. qui est guitariste et vocaliste de Mitochondrion est à la basse et au vocal dans Auroch. Mitochondrion et Garotting Deep ont participé aux deux dernières éditions de la Messe Des Morts et j’avais adoré, alors je me préparais à apprécier le Blackened Death Metal fortement influencé par Morbid Angel de Auroch sur scène. Cependant, leur manque de présence scénique, un son assez brouillon qui manquait de définition à la guitare et le manque de différenciation et de variété entre les pièces interprétées m’empêchèrent d’embarquer dans leur prestation. Ce fut donc un moment décevant pour moi.

Phobocosm de Montréal suivait et c’était aussi une formation que j’avais très hâte de voir pour la première fois, dans mon cas. Fort de deux albums en 2014 et 2016, le quintette pratique un Death Metal sombre et extrêmement lourd teinté d’influences Doom et Black. Cette fois, tous les éléments furent réunis pour une prestation réussie: un son puissant (mis à part le chant en début de parcours), des riffs variés et une interprétation à la solidité métronomique. Le tout fut donc très apprécié et la foule démontra son support en déclenchant des hostilités plus intenses qu’auparavant dans la fosse. Ce fut donc une mission accomplie avec brio pour Phobocosm.

C’était maintenant au tour de Zhrine d’Islande de venir nous faire démonstration de leur Blackened Death Metal contenant de nombreux passages acoustiques ambiants. Leur premier album intitulé «Unortheta» (2016) a d’ailleurs été une sortie très remarquée cette année en raison de la grande qualité musicale et atmosphérique des compositions du quatuor, qualités qui sont loin d’être l’apanage de l’ensemble des formations évoluant dans leur genre de prédilection. Sur scène, la troupe bénéficia d’un très bon son et fut la formation la plus expressive et démonstrative de la soirée. Le jeu de guitare varié et les voix malsaines très bien exécutées de Þorbjörn (guitare, vocal) et de Nökkvi (guitare, vocal) furent un de mes éléments de prédilection de leur performance. Je notai aussi le talent impressionnant et démonstratif de Ævar (basse) qui s’exécutait sur une authentique contrebasse électrique avec moult mimiques mémorables à l’appui. Tumi (batterie) livra aussi une excellente performance précise et puissante. Le seul désagrément provint de certains spectateurs un peu trop bruyants et inattentifs dans les passages plus atmosphériques de la musique de Zhrine. Ce fut donc mon moment préféré de la soirée.

Après une ultime pause de courte durée, c’était au tour du trio néo-zélandais Ulcerate de venir terminer la soirée avec leur Death Metal technique extrêmement lourd et brutal. Forts de leur excellent cinquième album, «Shrines of Paralysis» la troupe originaire d’Auckland était fortement attendue par beaucoup de spectateurs dont moi, qui n’avais jamais eu l’occasion de les voir sur scène encore. Avec un son dévastateur, le groupe se lança dans un assaut puissant, consistant et lourd qui me plut de prime abord malgré une présence scénique moins flamboyante que celle de Zhrine. Cependant, leurs pièces ne me firent pas autant d’effet en concert que sur album peut-être en raison du fait que la constance de Ulcerate est à la fois une qualité et un défaut. Effectivement, les pièces me semblèrent se mélanger en un seul tout manquant quelque peu de diversité, car toujours axé sur la lourdeur, la puissance et la technicité. La performance des musiciens fut quant à elle irréprochable. En somme, j’appréciai bien mon premier concert de Ulcerate malgré ma préférence marquée pour la musique et la performance de Zhrine.

C’est donc satisfaits de notre première soirée de Messe des Morts que nous nous dirigeâmes vers le Métro Berri-UQAM pour terminer la soirée avec quelques bières et des herbes hilarantes chez nos amis dans La Petite Patrie.

Psaume I

Après un rapide souper, c’est à l’heure précoce de 17h 20 et des poussières que nous fîmes notre entrée dans le Théâtre Plaza pour ne pas manquer Blackscorn, formation montréalaise roulant sa bosse depuis 2007. Malheureusement, en raison des mesures de sécurité accrues et des fouilles obligatoires à l’entrée nous fûmes contraints d’écouter la majeure partie de la performance du quintette dans l’escalier du Théâtre Plaza et nous entrâmes enfin à l’intérieur à temps pour la toute dernière pièce de leur prestation. Je pus donc constater le départ de Nordet (guitare) désirant se concentrer sur Brume d’Automne (qui devait jouer le lendemain) qui a été remplacé par Lord Draconis qui a passé de la basse à la guitare avec le recrutement d’un autre bassiste dont l’identité m’est inconnue (ni le Facebook, ni l’entrée du groupe dans Metal Archives ne semblent avoir été mis à jour). Enfin, malgré le peu que j’ai pu en voir et entendre, leur prestation sembla être fidèle à leur Black Metal fortement inspiré par les premiers opus de Darkthrone.

Cantique Lépreux de Québec suivait et ils entamèrent rapidement leur prestation après seulement quelques minutes de pause. Si vous ne connaissez pas encore ce quatuor qui a fait paraître un excellent long jeu intitulé «Cendres Célestes» en début d’année 2016, je vous encourage fortement à aller découvrir leur Métal Noir à la fois puissant, mélodique et efficace aux thématiques lyriques poétiques hivernales. C’était mon second concert de la formation que j’avais pu voir à son tout premier passage sur scène l’été passé en compagnie de Forteresse à Québec. Cette fois par contre, le son fut un problème pour la majorité de leur prestation. Les premières notes furent interprétées sans aucun son de la console, ensuite le vocal de Blanc Feu (guitare, vocal) fut inaudible pour près de 2-3 pièces et la basse était trop forte par rapport aux guitares, ce qui nous permit toutefois d’apprécier le talent et le l’excellente qualité du ton de basse de Matrak (basse). Cependant, la performance des musiciens fut au rendez-vous et la dernière pièce de leur prestation bénéficia d’un son enfin bien ajusté.

Moonreich de France était la troisième formation de la soirée qui nous amenait, pour la première fois de ce côté de la grande flaque, son Black Metal aux accents Death, avec quelques touches mélodiques et des thématiques guerrières. Musicalement, la troupe que je connaissais peu auparavant, me ravit avec une approche rappelant Satyricon, le vieux Watain et par moments Marduk. Toutefois, plusieurs passages me parurent laborieux sur le plan de la précision et les patrons vocaux employés par le chanteur de la formation, quant à eux, me semblèrent un peu trop répétitifs et axés principalement sur une livraison rapide qui laisse peu de place aux variations et aux nuances. Enfin, le son fut nettement meilleur pendant leur prestation que pendant celle de Cantique Lépreux. En somme, ce fut un moment de Black Metal assez intéressant, mais sans plus.

La salle était maintenant bien remplie et c’était le moment de faire place à la formation séminale pour le Black Metal québécois qu’est Monarque. En effet, Monarque est certainement un des groupes les plus reconnus de ce genre au Québec comme en font foi ses passages passés et à venir en France et en Allemagne, notamment au «Hellfest» de l’an prochain, ce qui vient d’être annoncé. De plus, la troupe peut compter sur un important répertoire de trois excellents albums complets et une multitude de sorties secondaires. La foule nombreuse attendait donc Monarque avec impatience et fut rapidement ravi par une prestation extrêmement solide à tous les points de vue. La présence scénique et la prestance de Monarque (vocal) et de ses acolytes éclipsèrent d’ailleurs de ma mémoire à court terme plusieurs des formations précédentes et suivantes de la fin de semaine tellement ils nous livrèrent une performance mémorable.

Après ce passage magnifique de Monarque, c’était maintenant le moment d’accueillir une troupe que j’attendais personnellement avec hâte. En effet, Blaze of Perdition est un groupe originaire de Pologne qui a trois excellents albums à son actif et que je ne pensais pas voir un jour au Québec. Malheureusement, leur prestation fut entamée de manière plutôt brouillonne et fut interrompue pour ce qui semblait être un problème de guitare à la deuxième pièce seulement. Après cette interruption de quelques minutes, la formation entama une autre pièce, mais toujours sans grande conviction et malgré un jeu honnête et relativement précis les membres de la formation semblaient «jammer» devant public plutôt que de livrer un véritable spectacle. Malgré quelques bons moments dus à la qualité de leur musique, leur prestation s’étira aussi beaucoup trop longtemps, empiétant inexplicablement de plusieurs minutes sur le temps de scène des autres formations. Ce fut donc une grosse déception pour moi, puisque leur performance scénique et leur présence furent anémiques.

Morrigan, duo allemand fortement inspiré, pour ne pas dire calqué, de la période viking de Bathory suivait. Malgré une musique et une voix de bonne qualité, ce fut encore un moment plutôt terne du côté de la performance scénique. Effectivement, le seul élément divertissant de prestation du duo fut leur «corpsepaints» puisque le chanteur-guitariste, le seul membre de la formation qui pouvait se déplacer sur scène semblait dormir debout. L’attention d’une grande partie de la foule sembla donc se porter sur des conversations comme si nous écoutions tous un album dans un salon plutôt que sur le peu de choses qui se passaient sur scène. En conclusion, je restai assez perplexe sur la pertinence de cette formation en concert. C’était potable auditivement, mais très ennuyant scéniquement.

Heureusement, Cult of Fire de la République Tchèque suivait et là je savais que nous en aurions plein les oreilles et la vue. Pour faire un bref rappel, la troupe de Black Metal ritualiste à saveur de cultes de la mort hindous avait déjà fait un passage remarqué à la Messe des Morts IV en avril 2015, mais elle avait alors connu des problèmes d’avions qui l’avait contraint d’être déplacée du Psaume I en toute fin du Psaume II et de jouer très tard sans tout leur célèbre attirail scénique. Malgré tout cela, leur performance avait été des plus mémorables. Bref, si vous n’avez jamais vus Cult of Fire, leurs spectacles sont de vraies cérémonies occultes incluant cloaques, encens, statuaire hindoue et une livraison impeccable de leur musique. Tous ces éléments furent encore une fois au rendez-vous et nous eûmes bien sûr droit à de nouvelles pièces de leur excellent EP «Life, Sex & Death» qui est sorti en septembre. Orgiaque est le mot juste pour décrire la prestation à laquelle nous eûmes droit en ce vendredi de novembre.

Après une performance aussi épique que celle de Cult of Fire, n’importe quel groupe aurait été intimidé de monter sur scène. N’importe qui sauf Mgla! En effet, bien que je n’avais pas eu la chance de voir cette autre troupe faisant partie de l’élite du Black Metal actuel à son premier passage à la Messe des Morts il y a quelques années, je savais à quoi m’attendre avec leurs trois excellents albums et ce que j’avais entendu sur leurs performances en concert. Les quatre musiciens cagoulés s’installèrent sur scène relativement rapidement et se lancèrent dans une interprétation superbe et précise de leur musique délicieuse et simplement efficace. Comme Cult of Fire avant eux, les membres de Mgla purent bénéficier du meilleur son de la soirée et en profitèrent pour nous asséner une sélection de leurs meilleures pièces en carrière, au grand plaisir des quelques centaines de spectateurs présents. Je me dois de souligner en terminant que le rendu des pièces de leur dernier opus «Exercises in Futility» (2015) fut à la hauteur de la qualité incommensurable de ce chef-d’œuvre.

En conclusion, le Psaume I de la Messe des Morts VI se conclut sur un moment parfait de Black Metal. Il est donc d’autant plus dommage que le Psaume II aura dû être annulé en raison des pressions violentes d’une minorité bruyante et mal informée. Je conclurai donc en espérant que Sepulchral Productions saura se relever de cette expérience négative et qu’une Messe des Morts VII aura lieu dès l’an prochain. De plus, j’espère que les «antifas» sauront à l’avenir se concentrer sur le vrai fascisme, le vrai racisme et les vrais tenants de l’extrême droite, soit les organisations politiques qui défendent de telles idéologies et que les concerts de Black Metal présentés à Montréal pourront être tenus en paix. J’aimerais aussi leur rappeler qu’il y a d’autres moyens d’exprimer son point de vue que d’attaquer des gens avec violence.

Louis-Olivier «Winterthrone» B. Gélinas