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Cool! Il paraît que je serais le premier Canadien à m’être procuré la version CD physique de « Through Darkness and Light« , qui marque les débuts (prometteurs) du groupe roumain The Hourglass. Et puis tant qu’à vous introduire à une formation de ce pays, aussi bien en faire un deux pour un en complétant avec Whispering Woods, dont les musiciens sont originaires de la même ville, soit Cluj-Napoca en Transylvanie. Au fait, saviez-vous que 65% du vocabulaire de la langue roumaine provient du latin? On en apprend des choses avec moi, n’est-ce pas? Bon, ok, la leçon est finie, parlons musique… – Steph

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The Hourglass

Through Darkness and Light »

autoproduction

2014

 

Entre le processus d’écriture et le moment où un album paraît sur le marché, la route est souvent sinueuse pour les jeunes groupes n’ayant pas droit au support d’une maison de disques. C’est d’ailleurs près de quatre ans après sa formation, marqués par l’enregistrement d’un EP de cinq chansons (« Requiem« , paru en 2011) et d’un long processus de financement et de production que le groupe roumain The Hourglass peut enfin nous offrir son tout premier album,  « Through Darkness and Light« .

The Hourglass s’introduit à nous en se présentant comme une formation symphonique teintée d’une touche électro/industrielle. La formulation se révélerait plus juste si elle était présentée à l’inverse, ce dont nous reparlerons un peu plus tard car en premier lieu, les oreilles du mélomane seront attirées par le chant de Alma Vomastek. Dotée d’une puissante voix, la chanteuse s’exécute dans un registre très haut, le tout de façon très naturelle, sans effort. Nous avons donc affaire à une impressionnante démonstration de chant soprano qui saura ravir les amateurs du genre.

Pour en revenir à l’aspect instrumental, disons en effet que c’est la composante électro/industrielle qui s’impose aux dépens de l’aspect symphonique, tout d’abord en raison du choix des sons de claviers. Ceux-ci, omniprésents, tombent rarement dans la reproduction orchestrale pour davantage donner une touche électronique aux onze pièces. En ce sens, la palette sonore utilisée par la claviériste Ioana Dirva est très variée, passant des sons de cordes sur « Requiem« , de l’orgue sur « Dies Irae« , et bien sûr par ces sons électro très présents sur toute la longueur de l’album. Elle a également parsemé du piano sur quelques passages afin d’inculquer une plus grande chaleur à l’ensemble qui, autrement, aurait pu nous laisser une certaine impression de froideur causée par ces sons plutôt synthétiques. Sur cet attribut de sa musique, The Hourglass vise à se détacher du lot et on l’on doit dire que c’est bien réussi.

Le côté industriel, lui, passe davantage par les autres instruments. Très carrée, la section rythmique s’impose par sa lourdeur, particulièrement le batteur Bogdan Mara qui mène habilement la barque avec énergie. Cette lourdeur s’invite à nos oreilles dès le premier morceau, « Dying Star« , qui nous donne déjà une bonne idée de ce qui nous attend avec ces claviers électro et ce rythme pesant. La basse et la guitare suivent fidèlement la parade et amènent une belle profondeur à l’ensemble. Surtout appelé à jouer les soutiens, le guitariste Andrei Buciuta nous gratifie de quelques bons solos, entre autres sur la jolie ballade « Dare« , ainsi que sur « Away« , pièce à l’instrumentation variée. Dans la lignée de cette dernière, « Magdalene » démontre que le groupe sait aussi composer des morceaux plus accrocheurs, cette chanson présentant une mélodie entraînante qui a tendance à vouloir coller aux oreilles.

On saura également apprécier les habiles cassures de rythmes observées sur « Requiem« , avec son intro d’inspiration classique ainsi que sur la très symphonique « Rise« . De son côté, l’introduction de « The Fall » nous sert un joli clin d’oeil à « l’Imaginaerum » de Nightwish, tout comme « Way Home » dont la sonorité nous suggère que les membres du groupe ont dû écouter une fois ou deux la musique des maîtres finlandais. Autre aspect fort intéressant, The Hourglass s’aventure sur un terrain rarement exploré par ce type de groupe: celui du format long. En effet, « Abandoned » chiffre presque dix minutes au compteur; formée de six courtes parties habilement reliées entre elles par de courts interludes assurés par les claviers et joliment enrobées par une introduction et un épilogue au piano, cette dernière constitue une réussite éclatante, nous faisant regretter que peu de groupes se risquent au jeu des longues pièces.

Que dire de plus? Le moins que l’on puisse dire, c’est que The Hourglass a bien pris le temps de peaufiner toutes les composantes de son produit afin d’effectuer une entrée remarquée, cet énoncé s’appliquant autant à la musique, à la production, qu’à la présentation visuelle. En effet, « Through Darkness and Light » nous arrive accompagné d’un très beau livret, sombre et sobre, le tout orné d’une très belle pochette. Le groupe nous offre gracieusement son album sur Bandcamp dont le lecteur est plus bas, ce qui m’amène à vous faire un peu la morale: les groupes ont besoin des fans pour vivre, donc si vous aimez n’hésitez pas à commander le CD ou à verser un montant pour le téléchargement en mp3…

 

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Whispering Woods

« Fairy Woods« 

autoproduction

2012

 

Il est à peu certain qu’au cours de votre vie, lors de discussions tournant autour de la musique avec des personnes de votre cercle social, vous avez eu droit à des expressions d’horreur à peine dissimulées au moment où vous avez mentionné écouter du metal. Trop de gens identifient ce genre musical à une musique toujours agressive, lourde, voire hargneuse. Pourtant, lorsque l’on retire nos oeillères, on peut facilement découvrir une autre facette de cette riche famille musicale: Whispering Woods, grâce à premier album « Fairy Woods« , vient nous le rappeler de splendide manière.

En effet, nous nous retrouvons devant un album qui mélange brillamment les genres, passant avec aise du gothic metal à la musique folklorique aux influences médiévales. Tout au long de ce premier album, une ambiance lourde entre toujours en conflit avec des sonorités aigües et légères, nous plaçant constamment sur le qui-vive tant nos oreilles sont appelées à entendre se côtoyer plusieurs genres musicaux. Il est d’ailleurs difficile, en bout de ligne, de classer Whispering Woods dans une case spécifique tant sa musique est riche et nuancée.

« Well of Dreams« , l’instrumentale qui ouvre l’album, contribue à installer ce climat inquiétant que l’on retrouvera sur toute la durée du disque, avec sa rythmique lourde bien contrebalancée par le piano. La composante folk se fait ensuite sentir sur « The Call of the Trees« , pièce médiévale à souhait, ouverte par la flûte traversière, celle-ci se voyant ensuite rejointe par les guitares, électrique et acoustique, cette dernière s’imposant comme une importante composante du son du groupe. Cette première pièce chantée nous permet également de faire connaissance avec la superbe voix d’Alexandra Burca, qui en alliant puissance et douceur, aide pleinement l’auditeur à entrer dans la musique.

Cet habile mélange de douceur et de lourdeur se fait bien sentir sur « Ode to the Leviathan« , qui encore une fois alterne parfaitement passages acoustiques et électriques. Permettons-nous d’utiliser de nouveau le mot «nuancée» pour définir cette chanson qui s’avère une belle aventure avec sa séquence centrale parlée, ses multiples changements de rythme et sa partie acoustique finale où se croisent flûte, piano et guitare. Sur « Ghost in the Monastery » et « Realm of Darkness« , cette deuxième étant une reprise d’une chanson du groupe autrichien Darkwell, c’est davantage le côté rock de Whispering Woods qui s’affirme grâce une rythmique lourde et une ambiance plus sombre, toujours bien balancée par la flûte de Catalina Popa qui vient toujours apporter une touche lumineuse aux arrangements.

« Black Wedding« , quant à elle, nous offre un sympathique croisement entre la « Marche nuptiale » de Wagner et la « Marche funèbre » de Chopin, le tout bien augmenté par une instrumentation sombre. Les fans de gothic metal seront ici aux anges, tout comme sur « Curse of the Nightingale » où l’orgue installe une ambiance inquiétante. Autre bel exemple de mélange des genres, « Queen Medusa » allie habilement rock lourd, passages acoustiques et chant absolument transcendant. Les quatre autres pièces, dont nous éviterons de parler de peur de sombrer dans la redondance, poursuivent dans la même veine et contribuent à garder captif l’auditeur qui ne pourra que constater la richesse des arrangements.

Pas de doute, la musique de Whispering Woods vaut largement le détour, elle qui sort des sentiers battus et qui joue sur plusieurs tableaux, faisant de « Fairy Woods » une grande réussite qui saura plaire aux fans de plusieurs genres musicaux. Vous pourriez donc surprendre votre entourage terrorisé par l’amateur de musique grasse que vous êtes en insérant ce CD dans votre lecteur pour leur démontrer que le metal peut aussi être une affaire de finesse. Le groupe besogne présentement sur la mise en chantier d’un deuxième album, cette fois pour le compte de la maison Loud Rage Music qui, espérons-le, réussira à promouvoir comme il se doit la superbe musique offerte par son nouveau poulain.