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La période des Fêtes est maintenant bien derrière nous et j’en connais qui s’accrochent encore à leur(s) résolution(s) du Jour de l’An, souvent prise(s) après un p’tit verre de trop, sur un coup de tête et surtout souvent à la suggestion (pression) d’un chum/blonde/ami. Donc, le mois de janvier voit une pléthore d’abonnement se signer au centre de conditionnement physique et février voit souvent le dur retour à la réalité que le gym, ce n’est pas pour eux. Alors, acquiesçant avec ces derniers mais tentant tout de même d’encourager les autres à persévérer, je crois qu’il n’y a rien de mieux que quelques séances intenses d’entraînement avec, à la clé, de la bonne musique pour donner du rythme! Voici donc ma deuxième chronique de l’année 2014 pour les martyrs du tapis roulant. – Steph

 

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Leaves’ Eyes

« Symphonies of the Night »

Napalm Records

2013

 

Il y a deux catégories de mélomanes: ceux qui cherchent continuellement de nouvelles sonorités et ceux qui se réfugient dans le confort de ce qu’ils connaissent bien. Si vous appartenez à la deuxième catégorie et que vous êtes moindrement familiers avec la musique du groupe germano-norvégien Leaves’ Eyes, Symphonies of the Night est pour vous!

Dès l’écoute du premier titre, Hell to the Heavens, nous savons que nous aurons droit à du Leaves’ Eyes pur jus, c’est-à-dire un métal symphonique teinté d’une belle touche folklorique où se mélangent la voix cristalline de Liv Kristine et sa contrepartie agressive masculine, son mari Alex Krull. Le groupe ne s’aventure donc pas hors de ses terres habituelles, nous offrant des chansons dont la trame littéraire mélange légendes et personnages historiques. À travers les onze chansons qui composent l’album (treize sur la version de luxe), l’auditeur apprendra à connaître la princesse wisigothe Galswynthe, Ophélie du Hamlet de Shakespeare, Sainte-Cécile-de-Rome, Éléonore de Provence et la célèbre pucelle d’Orléans, Jeanne d’Arc.

Musicalement, tout est bien maîtrisé car Leaves’ Eyes se contente de répéter efficacement une recette testée maintes fois. Métal symphonique oblige, les claviers dominent l’ensemble, au détriment d’une guitare qui se fait un peu trop timide et d’une section rythmique un peu étouffée par la production. Les arrangements orchestraux sont bien soignés et se marient à merveille aux vocaux omniprésents tout au long de l’album: en effet, les passages instrumentaux se font rares, permettant au couple leader de démontrer tout son savoir-faire, particulièrement Liv Kristine dont la voix gagne en amplitude d’un album à l’autre.

Parmi les titres qui se démarquent, notons Hymn to the Lone Sands, une pièce bien amenée par une belle introduction acoustique, qui fait ensuite place à un rythme effréné et aux plus belles envolées musicales de l’album; Angel and the Ghost, une mélancolique chanson mid-tempo qui offre un bel échange entre les vocalistes; et Maid of Lorraine, qui intègre avec habileté tous les éléments du groupe: folk, voix rageuse et orchestration somptueuse. Mise à part la monotone Saint Cecilia, les moments faibles se font rares et chaque chanson revêt un bel intérêt, gardant l’auditeur dans le coup de A à Z.

J’évoquais ci-haut que la version de luxe de l’album incluait deux pièces additionnelles: il s’agit d’une dispensable reprise de One Caress de Depeche Mode et d’un duo de Liv Kristine avec sa sœur, Carmen Elise Espenaes (la chanteuse de Midnattsol), la plutôt molle Eileen’s Ardency. Bref, contentez-vous de la version régulière de l’album.

Au final, même si l’auditeur aura l’impression de se retrouver devant un plat réchauffé, il faut admettre que Leaves’ Eyes a atteint un niveau de constance qui lui permettra de fidéliser davantage sa large base de fans. C’est pourquoi on peut facilement passer par-dessus cette impression de déjà-vu pour apprécier pleinement cet album qui offre une très belle unité de ton et qui confirme qu’à défaut de ratisser large, Leaves’ Eyes réussit à donner de plus en plus de profondeur à sa musique avec cet album qui, en bout de ligne, s’avère une belle réussite malgré les réserves émises plus tôt. Notez que le groupe sera de passage à Montréal le 18 février aux Foufounes Électriques en compagnie de Moonspell et du groupe de Alex Krull, Atrocity.

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Elferya

« The Straight and Narrow »

Auto-production

2012

 

Si le premier album de ce groupe suisse était arrivé sur les tablettes un mois tard (il est paru le 1er décembre 2012), il se serait mérité une place sur ma prestigieuse liste d’albums des Fêtes 2013. Question de rétablir les choses, je choisis donc de vous présenter cet album aujourd’hui.

Dans ce genre très fréquenté qu’est le métal symphonique, il est très difficile de sortir du lot, mais force est d’admettre que ces musiciens, originaires de Lausanne, ont réussi à faire leur marque dès ce premier essai. La plus belle qualité de The Straight and Narrow se retrouve au niveau de l’équilibre que le groupe a réussi à donner à sa sonorité: l’amateur de guitare sera tout aussi satisfait que le fan de claviers et la section rythmique, bien pesante, n’est pas laissée en plan. L’utilisation ici et là du violon vient agréablement augmenter le tout, particulièrement sur Mystic Land, une instrumentale enjouée à saveur celtique.

Elferya se montre aussi très habile à donner à ses chansons une ambiance de rêve qui vient compléter à merveille les paroles, qui évoquent un univers fantastique et féérique (dans ce rayon, l’introduction de Butterfly est une réussite totale). Les chansons sont donc souvent introduites par des claviers délicats qui nous font entrer dans l’histoire, avant que les autres musiciens viennent s’en donner à cœur joie. Il serait aussi difficile de passer à côté de la performance vocale de Claire-Lyse von Dach; ayant étudié le chant classique, elle démontre une belle maîtrise de sa haute et puissante voix. Fait non négligeable, la dame possède une voix bien particulière qui nous empêche de la comparer à une quelconque autre reine du métal symphonique.

Comme presque tous les jeunes groupes évoluant dans ce genre musical, on peut déceler ici et là des influences de Nightwish; on pourrait parfois se douter que c’est le Tuomas Holopainen de l’époque Oceanborn qui se tient derrière les claviers, particulièrement sur les titres The Silence of the Night (l’intro est frappante), Luna et Master of Death. Toutefois, le jupon dépasse si peu qu’on ne peut pas classer Elferya dans le rang des clones des célèbres finlandais.

Il est très facile de classer The Straight and Narrow au rang des belles réussites, les musiciens ayant réussi à faire preuve d’une belle maturité musicale dès leur premier essai. Il est d’ailleurs très surprenant qu’aucune maison de disques n’ait encore mis la patte sur ce groupe que l’on devra garder à l’œil…

Stéphan Lévesque