Molestés à Matane!

À La Mansarde de Matane, le 25 octobre, s’est déroulée une soirée notablement bestiale. Organisé par Solaris Booking, ce spectacle nous présentait trois bands de la région (Conquer The Rotted/Rimouski, Rats In The Walls/Matane et Vortex/Rimouski), en plus d’accueillir The Aftermath, fraîchement extirpé des entrailles de la ville de Québec pour cette unique occasion. J’accompagnais les membres de Vortex (merch girl à mes heures), et nous sommes arrivés longtemps avant le début du spectacle pour tout mettre en place. Les membres des autres bands étaient déjà tous présents, ce qui a laissé l’opportunité aux musiciens de tous les groupes de pouvoir faire connaissance, si ce n’était déjà fait, et de discuter entre eux tout en se désaltérant.

 

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Ce qui devait, à la base, être un show d’Halloween costumé n’en a, selon toute apparence, pas été un. Moins de cinq personnes se sont présentées sur place avec un costume (mention spéciale au commis d’épicerie/boucher qui était dans le pit). C’est dans cette petite salle que s’est amassée une foule d’un peu moins de cinquante personnes. En dépit du nombre restreint de «bipèdes à poil long» ayant répondu à l’appel, nous avons eu un méchant fun noir.

 

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La soirée débute avec la présentation des bands par Dave Rouleau qui était sur place. Lui seul sait par quelle ésotérique machination il a pu dériver jusqu’en Gaspésie pour cette soirée, mais son énergie et sa bonne humeur, bien accueillies de tous, ont été plus que rafraîchissantes. Conquer The Rotted a pris place sur scène (scène, dans ce cas-ci, est un emploi du terme que je qualifierais d’«hyperbolique» étant donné que les groupes jouaient sur le même plancher que les spectateurs) et après quelques riffs seulement, on sentait déjà le trop plein d’énergie émanant de la mince assemblée. Il faut dire que le groupe Rimouskois a su, malgré l’absence de bassiste dans son lineup, imposer son ambiance carnassière. Ils ne sont peut-être que trois, mais on l’oublie rapidement au moment où ils nous «garochent» leur grind suppliciateur. Leur prestation fut une ouverture de bal surprenante et ils ont laissé la place avide d’en recevoir davantage.

 

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Rats In The Walls poursuit le travail qui a été entamé par Conquer The Rotted et irrévocablement, «tassez-vous les pauvres», ici on tripe. Étant le seul band Matanais de la soirée, ils ont eu droit à un accueil digne de ce nom. En dépit du fait que leur lineup s’est vu remanié dernièrement, leur performance ne semble pas en avoir souffert. Ils ont une certaine expérience avec le public, ayant un nombre significatif de shows à leur actif, et soulignons-le : Rats In The Walls a ouvert pour Dying Fetus au Cactus Show Bar le 26 août dernier! Ceci étant dit, il n’y a rien à redire sur leur prestation de vendredi dernier.

 

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The Aftermath, dont les membres ne semblent nullement avoir été affectés par les quatre heures de route qu’ils ont dû faire pour accoster à La Mansarde, prend place devant la foule (devant, parfois au-dessus et même dedans). Des énergumènes IMPÉTUEUX! C’était, en plus d’un spectacle auditif exceptionnel, un show visuel assez abracadabrant! Le chanteur suspendu aux poutres du plafond se donnait des débarques assez burlesques pendant que le bassiste fonçait, manche le premier, dans le pit qui, lors de leur set, était assez «écharognant» merci. Malgré le fait qu’ils embarquaient sur scène à une heure assez avancée de la soirée, et malgré qu’un certain «gratteux de cordes» du groupe se considérait comme étant trop «pacté» pour livrer une performance digne de ce nom, je crois que tous les spectateurs se sont entendu pour dire qu’… qu’il n’y à rien à redire! Prestation impeccable! Je ne sais pas si vous avez eu du fun les gars, mais nous, nous en avons eu sur un eucharistie de temps!

 

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C’est vers minuit que Vortex se pointe, gonflé à bloc, même si le nombre d’abonnés présents avait considérablement diminué après The Aftermath. C’est clairement ce que je déplore le plus de cette soirée. Je ne vois pas ce qu’il y avait de mieux à faire, en ce vendredi soir, que d’assister au show jusqu’à la toute fin. Caltor, la veille d’un samedi… VORTEX! Eh bien, vous voulez que je vous dise ? TANT PIS POUR EUX! Le band a renouvelé son setlist depuis sa tournée avec Anonymus qui s’est déroulée au début du mois de septembre dernier, et c’est à un show tout frais que nous avons eu droit! Il se peut que je sois une très mauvaise juge quant à ce qu’ils font (je les ai probablement vu plus d’une dizaine de fois, en plus d’assister à leurs pratiques), mais impossible de s’alanguir face à ce groupe et à leur ardeur plus ahurissante d’une fois à l’autre. Pour la seconde fois ce soir-là, nous avons été gâtés : un chanteur qui slam et qui provoque ceux qui se trouvent à l’avant-scène (je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire chaque fois que j’écris le mot «scène» depuis le début de l’article), en plus de la présence de musiciens véhéments. Il est une heure du mat’ et ils sont assez généreux pour répondre positivement à l’appel de la vingtaine de personnes restante dans la salle qui scandait «VORTEX!» pour un rappel. Francis Marmen, avant de quitter ses tambours de guerre, a même martelé les premières notes de Sacrificial Suicide de Deicide, suite à mes plus qu’harcelantes demandes.

 

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«Dans les petits pots, les meilleurs onguents». Un petit public… Dans une petite salle… Dans une petite ville… Et néanmoins, nous avons eu droit à une prestigieuse soirée! Merci à tous ceux qui se sont présentés pour encourager nos scène/groupes locaux et qui font d’ailleurs que nous aurons encore l’occasion de thrasher ensemble dans un avenir assez rapproché, je l’espère!

 

Un remerciement spécial aux gars de Vortex pour l’accès au show (et pour toutes les fois où, sur la «brosse», j’ai peut-être omis de vous remercier)!!!

Avorton

Critique d’Album: Mortal Decay – « The Blueprint For Blood Spatter »

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Mortal Decay

« The Blueprint For Blood Spatter »

2013

Comatose Music

Liste des pièces

1- Anatomy Turned Chaotic Puzzle
2- Ocular Haze
3- Blueprint
4- Mourning Euphoria
5- Chloroform Induced Trance
6- Nocuous Compulsions
7- Deviant
8- Jugular Gurgle
9- Altruistic Masochism

 

La formation Mortal Decay revient sur les rails après plus de huit ans d’absence. En 2005, avec Cadaver Art, le groupe tentait déjà de sortir des sentiers battus du old school death metal en nous présentant un album davantage technique (puisqu’il était évident qu’ils tentaient, sur leurs plus anciens albums, une approche rejoignant certains éléments retrouvés chez Morbid Angel ou Obituary, en plus d’une touche de Chris Barnes au vocal). The Blueprint for Blood Spatter, dont la sortie par Comatose Music est attendue le 26 novembre prochain, s’insère dans la lancée de leur avant-dernier œuvre. Ici, on ne semble plus désirer mettre l’accent sur ce son old school tant prisé lors de la création du groupe. L’album incarne néanmoins un parfait mélange entre un death metal gras à souhait et une musicalité particulièrement complexe et organisée.

C’est dans un élan de jubilation perverse que j’ai sélectionné les neuf tracks pour ensuite les ajouter à la liste de lecture (action qui me fout chaque fois la pétoche lorsqu’on parle d’une aussi longue absence). D’abord, sachez que l’entièreté de ce chef-d’œuvre rend hommage à l’artwork de celui-ci. L’album débute donc avec une pièce intitulée Anatomy Turned Chaotic Puzzle. D’ailleurs, le thème fait honneur aux mots consciencieusement choisis pour ce titre puisque l’auditeur est propulsé dans l’esprit d’un meurtrier et nage en plein délire chaotique; impossible d’y échapper. Après une minute bien tapant, le blastbeat nous séduit de ses tous premiers battements de cœur et nous sommes ni plus ni moins que broyés, captivés et oppressés par une brutalité pourtant habituelle au  band, mais qui ne cesse de surprendre.

Les morceaux défilent les uns après les autres à une rapidité foudroyante, ne laissant pas l’occasion à celui qui y prête l’oreille de songer à un saut de piste. Avec The Blueprint of Blood Spatter, nous faisons face à un album très court; approximativement une demi-heure d’écoute. Cet élément est la lacune principale de l’album et déstabilisera sans doute certains fans de Mortal Decay. Nous pouvons prendre en considération le fait que The Blueprint for Blood Spatter ne soit que leur 4e album complet depuis le début de leur carrière (en plus de leurs trois démos et de leur album-compilation paru en 1999), mais Sickening Erotic Fanaticism (1997) était d’une longueur surprenante de 55 minutes, Forensic (2002) durait 46 minutes, alors que l’avant-dernier, Cadaver Art, était de 36 minutes. Si le groupe persiste sur cet air d’aller…

Ce n’est certainement pas un album pour les «chochottes» mais pour ceux qui apprécient l’art que forment la «grassure» et le «chaos bien ordonné» à l’unisson. Les gars de Mortal Decay savent ce qu’ils font et le font sur un christ de temps. Pour ceux qui apprécient la brutalité dans son élément le plus pur, vous serez choyés. De plus, les membres de Mortal Decay nous présentent une nouvelle facette de leur talent: Ocular Haze et Mourning Euphoria débutent avec des harmonies sidérantes et leurs pièces Chloroform Induced Trance et Nocuous Compulsions présentent des techniques de drum et de basse que je qualifierais de «jazzy».

Une basse qui martèle, des riffs de guitare qui déchirent les mânes et un vocal qui vous broie les tympans; Mortal Decay nous est vraisemblablement revenu frais et dispo de son coma des huit dernières années. Ceux qui comme moi sont davantage «puristes» constateront l’absence de cette substance si prenante que l’on retrouve dans le son du old school death metal et qu’il était possible de retrouver sur leur album Sickening Erotic Fanaticism de 1997. Vous aurez un pincement au cœur en constatant que cet élément a quelque peu été mis de côté pour être remplacé par davantage de technique (ce qui en soi n’est pas une régression, mais un changement qui ne peut passer inaperçu pour les fanatiques de Mortal Decay). Le old school death metal n’est pas une époque révolue, mais un genre qui mérite de persister encore aujourd’hui en 2013. On ne peut malgré cela se pencher sur cet élément pour déprécier ce nouvel album puisque celui qui le précédait s’engouffrait déjà dans cette tendance à supprimer ce son si particulier au vieux death; la métamorphose a eu lieu graduellement. Cet album s’inscrit définitivement parmi leurs meilleurs et il y a peu à redire sur le travail de maître qui y a été fait. Mortal Decay nous offre clairement un nouveau-né au charme plutôt ravageur! On vous met le vidéo promo de leur label pour terminer.

 

9/10
Avorton