«Wicher»
Pagan Records
Édition Remasterisée 2014 (1996)
Liste des pièces :
«W dolinie rwących potoków»
«Śpiew kruków czarnych cieni»
«Wilczy skowyt»
«W rogatym majestacie snu»
«Zagubiona ciemność»
«Wicher falami ognia»
«Szept nocy»
«Tam Gdzie Gaśnie Dzień» (bonus)
Issu de la plus pure tradition du Black metal païen polonais des années 1990, Sacrilegium est un groupe qui est toujours resté dans l’ombre, pour ne pas dire dans l’obscurité totale, des maîtres de ce genre que sont Graveland et Behemoth (qui pratiquait le Black Metal païen à l’époque) et ce, malgré des plans de tournée avortés avec nul autre que Darkthrone au cours de ladite décennie. Après avoir disparu au tournant des années 2000, la formation reprenait le flambeau début 2015 et nous offrait une version remastérisée et affublée d’une toute nouvelle présentation graphique de son seul long-jeu en carrière, originellement paru en 1996. La question était donc de savoir si cette réédition en vaudrait vraiment la chandelle ou même si le groupe détruirait la magie de son opus original?
Tout d’abord, l’auditeur assidu constatera d’entrée de jeu que Sacrilegium a évité l’erreur que bien des groupes font en retravaillant leurs œuvres du passé, soit de trop polir le son et d’en tuer ainsi tout le caractère particulier. Effectivement, le groupe s’est contenté avec raison de corriger seulement les lacunes de la production de l’opus original, soit une basse et une batterie beaucoup trop étouffées. En résulte donc une appréciation améliorée de la musique contenue sur une galette où Suclagus (chant, guitares, claviers), Nantur Aldaron (chant, basse) et Thoarinus (batterie) nous présentaient en 1996 , un Black Metal païen particulièrement abouti caractérisée par des pièces aux structures plutôt variées pour le genre, conduites par de superbes mélodies de guitares et de claviers surplombées par un vocal râpeux déclamé exécuté avec aplomb et des voix claires aux qualités souvent incantatoires. La production, bien qu’améliorée, conserve donc le côté sale, notamment en ce qui à trait au caractère organique et sans compromis de la batterie, nécessaire à la splendeur occulte et mystique du Black Metal de l’époque. Le groupe a donc su conserver ce qui faisait le charme originel de cet album, quitte à oublier quelques défauts, comme un chant clair pas toujours juste et un son de caisse claire un peu sourd et agaçant par moment. Qu’à cela ne tienne, l’excellente musique du groupe revampée avec une rénovation sonore très appropriée accentuera le caractère intemporel de l’œuvre et permettra certainement à Sacrilegium de se faire découvrir ou redécouvrir.
En somme, la formation polonaise frappe droit dans le mille avec une réédition d’un album presque dans la vingtaine qui aurait eu toutes les raisons de se retrouver aux côtés des grands classiques du genre. Avec une production juste assez rééquilibrée pour corriger les lacunes principales de l’originale tout en conservant le charme de celle-ci, Sacrilegium réussira sans doute le pari d’aller rechercher ses adeptes d’antan tout en allant chercher de nouveaux fidèles. Il reste à voir ce que la troupe nous réserve à l’avenir.
Louis-Olivier «Winterthrone» B. Gélinas