
Journée heavy metal des voix des femmes
Ce samedi 8 mars 2025, tout droit du Sonum Fest de Québec, en cette Journée internationale des droits des femmes, nous voilà réunis pour applaudir trois groupes qui propulsent de l’avant les vocalises de trois dames du metal québécois. Je me souviens d’une époque où des Tarja Turunen, Angela Gossow, Otep Shamaya, Anneke van Giersbergen et d’autres grandes femmes ouvraient la marche pour redéfinir les balises et repousser les barrières d’un genre dominé par les hommes. Aujourd’hui, il est clair, pour moi, que le heavy metal est le tremplin de nombreuses divas, rebelles, éclatantes reines du rugissement. Ce soir, elles s’inscrivent une fois de plus, dans le livre de feu de la scène underground brutale.
The Space Between Us
Alex Mori: voix
Carl Dufour: guitare et voix
Pranavan Sutheswaran: guitare (lead)
Matt Fontana: batterie
Ce jeune quatuor de Québec, nous entraîne vers un metalcore où les membres Alex et Carl alternent entre de vocaux pop rock et du growling, apportant ainsi une variété de tons qui ravissent l’atmosphère des morceaux. Leur titre Inner Demons est particulièrement réussi. Côté guitares, deux belles Schecter sept cordes se relancent dans de nombreux riffs, mais dominé par Pranavan qui démontre beaucoup de talents. Une pièce, The River, dédiée à la mère de Carl et sur sa remise d’un cancer, est appréciée par tous, un beau moment de profondeur. La pièce se termine avec un solo de Matt Fontana à la percussion, rapide et efficace, c’est parfait… car, disons le, les solos de batterie qui dure dix minutes, ça fait trop ‘’Eighties’’. On nous présente maintenant un titre qui sera bientôt disponible: Ubiquitous, qui veut dire omniprésente. Pour moi, cette pièce est un dévoilement de tout le potentiel que ce groupe peut nous déployer. C’est une pièce maîtresse, par son agressivité, sa mélodie et l’impact qu’elle a sur l’auditoire. Pour terminer, on nous sert deux reprises, soit A Boy Brushed Red Living in Black and White et Second & Sebring qui se marient bien avec leur propre répertoire. The Space Between Us, un nouveau groupe à suivre de près dans leur évolution.
Nailed
Jessica Ricard: voix (lead)
Lukasz Babiarz: guitare
Philippe Paquette: basse, voix (back:growl)
Guillaume Lévesque: batterie
Enfin, je rencontre ce couple de métalleux, que l’on connaît aussi pour leur travail avec leur autre groupe du nom Uriel, que j’avais malheureusement manqué lors de leur passage au Trois-Rivières Metalfest, mais ce soir avec Nailed, je les ai pour moi!!! Ok, ok, moi et les autres dans la salle… je partage. Dès la première pièce Acceptance, je remarque tout de suite cette grande théâtralité dans les mouvements sur scène par Jessica. Sa capacité de se mouvoir, d’extérioriser ce qu’elle chante donne cette grande impression d’un récit, une histoire dans un opéra métallisé. Echoes of Me, une pièce que j’adore par ses tempos changeants, une belle dextérité dans les moments d’explosions et de la symbiose des musiciens. Par contre, ma préférée reste Adversity, pour son côté dramatique amplifié par ses effets de wah wah à la guitare par Lukasz Babiarz qui est solide lors de toute la prestation. On nous présente une nouvelle pièce qui fera partie intégrante du prochain album. Cette chanson, Waiting, nous permet grandement d’apprécier la richesse de la voix de Jessica, pendant que Philippe va chercher un maximum de gamme de sa basse à six cordes. Sans oublier une superbe performance à la percussion de Guillaume Lévesque. Disappointment et Abandoned se succèdent avec l’acclamation de la salle, pièces encore avec des moments dramatiques et puissants. Après un ‘’cheers’’ avec l’assemblée, on termine la performance avec brio. Me voilà comblé!
Within Embers
Nathasha Beauchamp: voix
Sébastien Pichette : batterie
Francis Villeneuve: basse
Sébastien Simard: guitare
Stef Bordebat: guitare
Sybellis voix (back)
J’ai connu Nathasha il y a de cela un peu moins d’un an, à travers diverses rencontres lors de spectacles, de nos discussions sur nos passions pour la musique, les spectacles et l’art. Ce soir c’était une première pour moi de rencontrer Nathasha, la frontwoman the Within Ember et rien ne m’avait préparé à cela, de façon très positive bien sûr. J’aime l’expression anglaise qui dit ‘’jaw-dropping’’… une surprise totale de voir celle-ci se transformer en artiste qui domine là scène avec une superbe prestance et cette voix, mais quelle voix… wow!!! Avec Total Nightmare, on a déjà compris sa capacité et sa maîtrise du chant pop rock, du growl au scream et cela fait avec panache. Elle est entourée de musiciens expérimentés qui donnent de l’éclat à chaque chanson et de multiples solos sur Behond Horizon! Le premier
titre, paru en vidéo Cast in Embers, qui détonne et va chercher les admirateurs sur place avec enthousiasme. Dans un fond de fumée intermittente, notre choriste-sorcière dans une incantation dans un hymne à la sirène avec Rusalka où on peut l’entendre avec une voix d’opéra et de sceam de harpie… nous sommes ensorcelés. Sur Dilemma, Nathasha se rend au piano et ce n’est clairement pas pour nous chanter une comptine, une autre chanson qui arrache le gazon… ou ce que vous voulez. Un mélange de nostalgie et de brutalité qui épate la foule, et dire qu’elle ne l’a pratiqué que depuis un mois. On termine sur The Choral of death, où tous sur scène donne des frissons avec les vocalises changeantes et ses confrères qui mettent le paquet sur une finale musicale enlevante et majestueuse. Je vous lève mon chapeau!
Superbe soirée et je me rends compte de quelque chose en écrivant cette chronique. Ce soir, je n’ai pas été voir des groupes de heavy metal avec des chanteuses, le concept de journée des droits de la femme, je n’y pensais pas sur le coup, s’il y avait une thématique.
J’ai vu un spectacle de Heavy metal tout feu tout flamme. N’est-ce pas une victoire en soit, que ces femmes sont si présentes et dominantes en 2025, qu’on ne ressent plus cette ancienne dénivellation dans ce monde à la base très macho. Mais, oui, bravo à vous, mesdames, vous aviez clairement la main sur la soirée!
Un remerciement particulier à Alexandra du Podcast Cestquoitonband pour les nombreuses photos qui complètent bien les miennes pour cette chronique. Je vous invite à suivre celle-ci sur les réseaux sociaux (YouTube, Instagram et TikTok), car c’est notre nouvelle voix pour notre relève et la culture musicale du Québec.
-Christian Lamothe, chroniqueur de l’underground
Photos: Alexandra