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Le 22 avril dernier, le légendaire groupe de blackened death metal polonais Behemoth était de passage au Club Soda de Montréal dans le cadre du Metal Alliance Tour 2014 qui nous était présenté par Extensive Enterprise. Au Québec pour la deuxième fois depuis 2012 et ce presque jour pour jour, la formation polonaise était cette fois-ci accompagnée des groupes 1349 (Norvège), Goatwhore (Nouvelle-Orléans), Inquisition (Colombie) et Black Crown Initiate (Pennsylvanie) qui ont à tour de rôle complètement ravagé la place. Vous pouvez voir les photos d’une partie de la soirée (car Karolane, notre photographe attitrée è la soirée, ne pouvait y être à 18h00 pour le début du spectacle) en cliquant ce lien.

Il était 18 heures passées lorsque j’étais en train de lacer mes docs pour aller m’abreuver avant de me diriger vers le Club Soda lorsque j’ai appris… que le show commençait à 18 heures bien frappant! En belle peur, j’ai accéléré le processus en décidant de remettre la beuverie à une autre fois.

J’arrive au Club Soda enragée noir lorsque je me rends compte qu’Inquisition est déjà sur le stage. J’étais déçue d’être passée à côté de la performance de Black Crown Initiate puisque c’était le seul groupe catégoriquement étiqueté death metal sur l’affiche et que c’est mon genre par excellence. On m’avait vanté leur petit côté progressif qui faisait d’eux un groupe à voir sans faute… Ce que je ferai lors de leur prochain passage dans notre belle province! Je laisse donc la parole à Lex qui lui y était déjà. Grrr!!

Quand j’ai vu il y a plusieurs semaines que Black Crown Initiate ouvrait la soirée du Metal Alliance Tour 2014 au Club Soda, vous pouvez être certains que j’ai fait un gros « X » sur mon calendrier. Pourquoi?? Parce que Black Crown Initiate est ma découverte de l’année 2013. Distribué par l’étiquette québécoise PRC Music, c’est donc par l’entremise de Rémi Côté, grand manitou de PRC, que Dave avait reçu le EP avec la mention que Encyclopedia Metallum avait refusé de les mettre dans les archives de leur site considérant que leur musique n’est pas du metal. !!!!!!!!!!??????? Et il semble qu’en date d’aujourd’hui, ils tiennent toujours à leur idée, j’ai vérifié et ils n’y sont toujours pas. Bon, de toute façon, à part le fait que leur nom apparait à une place de moins sur le grand web metal à cause de ça, il est certain que ça ne change en rien la musique que Black Crown Initiate fait et ça change surtout absolument rien au fait que je trouve leur musique MALADE. Et à voir la réaction de la centaine de personnes qu’il y avait dans la place pendant leur prestation, ils avaient déjà leurs fans et s’en sont fait d’autres. Leur EP, « Song of the crippled bull » dure 21:30min à peu près, ils nous l’ont donc joué au complet. Dès 18h00, les 1ères notes d’intro de « Stench of the Iron Age » ont résonné et j’étais plus que prêt. J’avais surtout hâte d’entendre et surtout de voir comment les vocaux se faisaient car ils ont un impressionnant growler et des vocaux cleans (faits par les 2 guitaristes) qui sonnent très très bien sur l’album, ce qui n’est pas toujours le cas live. Et bien, tout est réglé, Black Crown Initiate sonnent sur une scène comme sur enregistrement. À un point tel que le fameux refrain clean présent dans la 1ère et dernière pièce du EP (et oui, ils ont fait ça) m’est resté dans la tête toute la semaine. Remarquez que le fait de l’avoir chanté avec eux 2 fois dans la soirée aide à te marquer les neurones. Je termine sur les vocaux en mentionnant que James Dorton m’a également assommé avec son growl. Côté musical, les 2 guitaristes et le bassiste manient leurs instruments à 8 et 7 cordes comme s’ils étaient des extensions de leurs bras alors que le batteur, structure progressive le voulant, nous fait toutes sortes de passes sans oublier naturellement les blastbeats. Vous pensez que je vais me souvenir longtemps de ma 1ère fois. Vous avez pas idée… Avant de redonner la parole à Avorton, je tiens à dire que la prestation de Black Crown Initiate donnait le coup d’envoi d’une soirée qui, de la première à la dernière seconde, aura été titanesque mais maintenant, je la laisse vous en parler.

 

 

Maintenant que Lex me fait encore plus regretter de ne pas y avoir assisté, je poursuis pour dire qu’Inquisition est sur le stage et je ne peux rester fâchée bien longtemps. Les deux membres du groupe (ouais, vous avez bien lu… deux membres) m’en mettent plein la gueule. Je call une bière et me dirige vers l’avant pour me rendre compte que le fun est déjà sacrément pris et que ça brasse sur un apocalyptique de temps! Je suis toujours heureuse de pouvoir observer ce genre de comportement puisque souvent, les premiers groupes qui performent lors d’un événement tel que celui-ci ne sont pas foudroyés par l’énergie de leur public qui attend plutôt fermement la tête d’affiche. Bref, même si je ne suis pas une adepte invétérée du black metal, je dois avouer que l’ambiance était lourde et très prenante. Je n’avais jamais entendu parler de cette formation colombienne, mais c’est en en lisant davantage sur leur cheminement que j’ai su qu’avant 1996, le groupe composait du thrash metal et que c’est après s’être déplacé aux États-Unis que celui-ci s’est jeté dans le black metal… Corps et ÂME! C’est une prestation que je souhaite à tous d’avoir l’occasion d’admirer parce que Dagon (vocal/guitare) et Incubus (drum) vous donnent une christ de dégelée. Entre des riffs de guitare grinçants, un vocal qui grafigne les mânes et qui vous transportent dans un univers térébrant digne d’outre-tombe, en plus des percussions chirurgicalement orchestrées… Le moindre des conseils que je puisse vous donner est d’assister au moins une fois dans votre existence à une telle réunion infernale. D’ailleurs, vous en aurez très prochainement l’occasion puisque avant de quitter la scène, Dagon a annoncé qu’Inquisition reviendrait cet automne en ouverture du groupe de black metal norvégien bien connu de tous, Mayhem!

 

 

Après quelques minutes, Goatwhore prend place sur scène. Encore une fois, j’avais ici affaire à un groupe que je connaissais davantage de nom et laissez-moi vous dire qu’ils m’ont laissée sans voix. J’ai subi une véritable agression de black thrash old school à ma ô combien grande satisfaction. L’atmosphère était palpable entre les fans de cette formation Néo-Orléanaise et les fans de 1349 qui n’en pouvaient plus d’attendre que les Norvégiens viennent fouler les planches de la scène du Club Soda. Après leur sortie de « Blood for the Master » en 2012 qui aura été un succès foudroyant, Goatwhore a été plus que bien accueilli à Montréal, headbang et thrash s’entremêlant pour souligner leur venue.

 

 

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Le passage de Behemoth au Québec est toujours un marquant succès. Cette fois-ci, le fait qu’ils étaient sur la même affiche que 1349 aura fait de cet événement une soirée dont tous se remémoreront encore les détails après des décennies. La peste norvégienne prend place sur scène et pour ma part, ce sont une multitude de souvenirs qui viennent me nouer la gorge. À mes débuts dans le metal, je m’alimentais principalement de black metal et 1349 faisait partie de mon setlist journalier. Avec les années, certains changements sont survenus, mais j’étais particulièrement fébrile à l’idée de les voir pour la toute première fois après avoir apprécié leur art durant tant d’années. Le groupe nous matraque avec des pièces qui se retrouvent principalement sur leurs trois derniers albums. C’est un black metal fulgurant, venimeux et asphyxiant que les quatre Norvégiens nous donnent la chance de déguster et la foule devient ivre de toute cette fureur et le rend bien à la formation. Le seul petit bémol lors de leur prestation est le son; quand cela concerne le black metal, j’arrive toujours difficilement à cerner quel genre de qualité de son serait le bon, mais à certains moments je considère que nous perdions totalement le vocal. Néanmoins, après nous avoir joué un nouveau morceau du band, Ravn (vocal) arrive même à faire monter la tension d’un cran lorsqu’il revient sur scène avec en main un 45 tours limité à 666 exemplaires qu’il balance en plein dans la foule! Pour tous ceux qui sont amateurs de black metal et qui ne connaissent pas cette formation (j’en serais fort étonnée), c’est à découvrir.

 

 

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Behemoth, la plus grande et la plus puissante des créatures terrestres arrive sur scène et c’est près d’un millier de gorges qui s’enflamment; nous venons d’atteindre le paroxysme de la soirée. Tout au long de leur prestation, je me suis demandé si les balustrades n’allaient pas s’effondrer ou à quel moment quelqu’un, dans l’extase, se jetterait en bas tête la première. Nergal (vocal) se présente sur scène avec ce que je crois être des bâtons en feu dans les mains qu’il fait tournoyer au-dessus de sa tête et croyez-moi, j’ai goûté au délire à son apogée… Que le spectacle commence! La grande messe va maintenant battre son plein et c’est avec un titre de leur nouvel album « The Satanist » que Behemoth débute son carnage. Les premières notes de « Blow Your Trumpets Gabriel » résonnent en écho le long des murs du Club Soda. L’ambiance théâtrale et grandiose de la formation polonaise est bien connue de tous et pour cause, puisqu’ils offrent l’une des meilleures performances à laquelle il est possible d’assister. Le groupe enchaîne immédiatement avec « Ora Pro Nobis Lucifer » et même si cette pièce est récente, la foule la connaît par cœur et s’époumone en chantant le refrain avec Nergal «For thine is the kingdom and the power! For thine is the kingdom and the glory… Forever!» (le simple fait de me remémorer ces instants crée des chocs dans chaque petit nerf de ma pauvre carcasse). «Conquer All, As Above So Below, Slaves Shall Serve, Chant For Eschaton…» Le groupe nous bombarde de ses plus remarquables classiques qu’ils enchaînent sans répit et Nergal s’adresse parfois à la foule pour s’égarer dans les remerciements ou parfois pour déblatérer un texte bien sombre qu’il semble connaître sur le bout de la langue. Behemoth sait s’approprier les meilleurs éléments qu’il est possible de retrouver à la fois dans le death et le black metal, ce qui fait de la formation un groupe unique qui maîtrise au plus haut point l’art de la précision et de la perfection. Quelques titres encore et vient le moment du rappel. La salle tombe dans l’obscurité la plus totale et tout le public continue de s’exclamer «Behemoth! Behemoth! Behemoth!». Behemoth revient sur scène et lorsque les lumières transpercent la place à nouveau, ce sont de véritables créatures lucifériennes que nous voyons apparaître sur scène, chacun des musiciens portant d’immenses cornes noires. Dans un élan d’hystérie absolue, les premières notes de « O Father, O Satan, O sun » ont résonné dans la place en un millier d’échos méphistophéliques.

 

 

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Pour avoir eu l’occasion de les voir en 2012, je dirais que cette performance de Behemoth était nettement meilleure et davantage teintée de brutalité. Il est important de noter qu’il y a deux ans, Behemoth a repris sa tournée au Québec immédiatement après que le chanteur ait quitté l’hôpital après son rétablissement dû à son combat contre la leucémie. Si en 2012, il manquait un peu de voracité dans leur performance, nous étions bien loin de cette réalité cette année.

Étant donné que j’avais la veille assisté au spectacle de Nile aux Foufounes Électriques, j’avais bien peur que cet événement crée une sorte de brouillard sur la venue de Behemoth, mais rien de tel ne s’est produit puisqu’une fois sur place, l’énergie dégagée par les musiciens qui se sont succédé sur scène et la foule qui était venue les supporter aurait su ranimer une armée de lépreux.

C’était sans contredit une soirée des plus démentielles.

Avorton

Behemoth’s setlist:
Blow Your Trumpets Gabriel
Ora Pro Nobis Lucifer
Conquer All
As Above So Below
Slaves Shall Serve
Christians to the Lions
The Satanist
Ov Fire and the Void
Furor Divinus
Alas, Lord Is Upon Me
At the Left Hand ov God
Chant for Eschaton 2000
O Father O Satan O Sun!