(Music inspired by) « The Life and Times of Scrooge«
2014
Tuomas Holopainen, ce n’est pas n’importe qui. En fait, il est à mes yeux le Maître, le créateur d’un univers sonore. Tuomas Holopainen, c’est non seulement le claviériste de Nightwish, mais aussi celui qui compose toute la musique de ce groupe qui a influencé tant de groupes. Profitant d’une pause des troupes suite à la longue tournée d’Imaginaerum, le maestro a décidé d’utiliser ce délai afin de mettre en musique une des histoires favorites de sa jeunesse, celle de Scrooge McDuck (notre Picsou à nous, francophones).
Fait intéressant, Holopainen a réussi à s’assurer les talents de Don Rosa, dessinateur de Scrooge McDuck (et aussi de Donald Duck) afin d’illustrer le tout pour ainsi donner à son premier album solo un côté très officiel. C’est donc orné d’une superbe pochette et d’un livret abondamment illustré de dessins dont le style nous est très familier que nous parvient ce disque. Une fois l’émerveillement visuel passé, il ne nous reste plus qu’à plonger tête première dans le contenu musical.
Généralement, les musiciens faisant partie de groupes utilisent le véhicule de l’album solo pour explorer d’autres avenues et se détacher un peu du son de leur groupe d’origine. La règle n’est pas brisée ici alors qu’Holopainen a enfin réussi à mettre la touche finale à ce projet sur lequel il travaillait en parallèle depuis de nombreuses années. Les compositions sont en ce sens volontairement éloignées de Nightwish, dont on ne retrouve aucune trace sonore. Bref, nous n’avons pas du tout affaire à un album métal.
Si l’aspect métal a été laissé de côté, ceci ne veut pas dire qu’on ne retrouve pas sur ce « The Life and Times of Scrooge » quelques repères sonores bien précis. En premier lieu, on peut entendre entre autres les Metro Voices, chorale ayant participé aux trois derniers albums de Nightwish (Once, Dark Passion Play et Imaginaerum). On retrouve ensuite le multi-instrumentiste Troy Donockley qui ajoute une touche celtique au tout avec ses instruments s’apparentant à la cornemuse.
Pendant plus de 60 minutes, on suit les aventures de Scrooge McDuck par le biais d’une riche instrumentation, livrée avec grâce par le Moorstone Orchestra. Le grand Tuomas, lui, complète le tout avec des parties de claviers et, rareté dans son cas, des passages joués sur un véritable piano, ce qui est toujours un gros plus au niveau sonore. Les éléments sont ainsi en place pour un album de musique essentiellement symphonique, en grande partie instrumentale, complétée par de beaux arrangements symphoniques teintés d’une touche celtisante. Il faut donc avoir l’oreille sensible à la musique classique pour pleinement apprécier le tout.
Tel que mentionné plus haut, nous avons donc affaire à un produit fort différent de ce auquel nous a habitué Nightwish, bien que l’on puisse facilement reconnaître la patte du compositeur. Les arrangements sont soignés, somptueux et visent le but très précis de nous amener dans cet univers de rêve si précieux aux yeux de Tuomas Holopainen. Force est d’admettre que l’objectif est atteint car il est très facile de se laisser entraîner dans l’aventure en appréciant la richesse de la musique.
L’album étant en grande partie instrumental, il est toutefois augmenté de très belles performances vocales. Johanna Kurkela, chanteuse très populaire en Finlande et ancienne finaliste d’Eurovision, est tout simplement transcendante sur « Lifetime of Adventure, Glasgow 1877 » et surtout sur la fantastique « The Last Sled« . On peut aussi entendre l’excellent Tony Kakko de Sonata Arctica, qui apporte sa touche personnelle à « Cold Heart of the Klondike« . On peut aussi entendre dans l’ombre, la voix d’une autre populaire chanteuse Finlandaise, Johanna Iivanainen, tandis qu’Alan Reid, membre fondateur du groupe écossais Battlefield Band, vient aussi prêter sa voix au tout.
Aucun doute, c’est avec l’esprit ouvert que l’on doit écouter cet album, dans le sens où celui-ci nous amène sur des territoires non familiers, particulièrement pour la grande majorité des lecteurs de ce site. Ce n’est toutefois pas une raison pour bouder cette œuvre très riche, où arrangements très soignés et une grande musicalité se côtoient pour le mieux. Au-delà de tout ça, Tuomas Holopainen aura encore réussi à prouver qu’il était un compositeur de premier ordre, doté d’une grande sensibilité mélodique. Le meilleur conseil que je puisse vous donner à propos de ce CD est de vous fermer les yeux et de vous laisser bercer par la musique, vous y trouverez votre plaisir à coup sûr. En attendant un nouvel album de Nightwish, ce superbe album devrait vous combler de bonheur.
Stéphan