« Below«
2013
Autrefois nommé Icos et ayant fait paraitre 3 albums de sludge/doom sous ce nom, ces suédois ont formé Monachus (Du grec ancien μοναχός, monakhos – signifiant « ermite ») en 2010, apportant un ton plus atmosphérique et « post-metal ». Abordant les thèmes de la Nature, de la philosophie et de l’introspection, ils semblent bien être des sympathisants de l’antifascisme (étant signés sur Alerta Antifascista Records).
Leur musique se tord et tourbillonne lentement comme un naufrage en pleine mer, inondant l’auditeur d’une sensation torride et sombre, sur les traces de groupes ayant marqué cette scène tel que Isis ou Neurosis. 4 pièces pour un total de 38 minutes, conforment à la longueur et la lenteur caractéristique du doom metal, l’album n’aurait pu être mieux nommé tellement on se sent aspiré vers la bas, dans les méandres du labyrinthe cosmique.
La première pièce, « Waves« , commence avec dissonance, nous écrasant comme si on était perdu depuis des lustres dans un désert. Puis l’atmosphère hypnotique et prédatrice s’installe, prenant son temps avant les premières explosions. Du minimalisme, les mélodies plus détaillées amplifieront l’effet pour garder votre attention. Tant la basse que la guitare partagent l’aplomb, avec un côté aéré, presque monotone cascadant au sommet d’un cris d’appel brute avant la descente. Les vocaux sont de premier ordre et semblent seulement s’améliorer avec le temps. La variation et la profondeur de la voix du chanteur nous frappent profondément dans le boyau. Du growl au clean, il maîtrise bien son instrument. Chacune des chansons sur cet album est un exemple d’ouvrage finement ciselé par l’art du voyage musical.
Ayant atterri dans la boue des rivages oubliés, « Circles » explore quelque chose d’un peu plus mélodique, coupant par un chemin broussailleux vers le territoire du post-rock, sortant de ce qu’ils ont construit jusque là sur l’album. Cependant, ils regagnent rapidement cette puissance crue déjà exposée. Cette chanson, tout comme l’album dans l’ensemble, a la capacité de glisser dans les deux sens entre les styles.
Comme l’intensité semble frappé, ils livrent un changement lent, calmant l’allure. Des riffs trempés de chant funèbres, des tons sonores introspectifs et bourdonnants parsemés d’influence blues et stoner, on peut entendre l’accouchement des mot de la terre, célébré par le travail du tambour, comme dans la pièce « Curse« , qui caractérise le son de Monachus. Ne vous y trompez pas, c’est monstrueusement lourd mais ils ne tombent pas dans les pièges de ceux qui jouent heavy sans en donner une signification; l’écriture des chansons est excellente.
Plus courte et condensée, la dernière pièce »Onward », utilise leurs longueurs de façons très différentes. Dans ce cas, un segment spoken words échantillonné aide à construire le ton. Mais c’est sans tomber dans la facilité que les musiciens tissent la toile jusqu’à une ébullition psychédélique que Jim Morrison aurait sans doute adoré. Bref, le groupe a choisi la qualité plutôt que la quantité et livre quatre pièces contrastées, d’une beauté respectueuse de la bête, et qui leur feront certainement gagner le respect des amateurs du genre.
Max