massacre-back-from-beyond-600x600

Massacre

« Back From Beyond »

Century Media

2014

 

 

01. The Ancient Ones
02. As We Wait To Die
03. Ascension Of The Deceased
04. Hunter’s Blood
05. Darkness Fell
06. False Revelation
07. Succumb To Rapture
08. Remnants Of Hatred
09. Shield Of The Son
10. The Evil Within
11. Sands Of Time
12. Beast Of Vengeance
13. Back From Beyond
14. Honor The Fallen (Tribute To) Jeff Hanneman

L’aube d’une nouvelle éternité se dessine tout doucement à l’horizon tandis que les jours qui nous séparent du retour de la légendaire formation floridienne Massacre se font de plus en plus rares. Émergeant des ombres dans lesquelles ils ont trop longtemps été engouffrés, les quatre membres du groupe nous offrent le symbole de leur immortalité avec leur premier album studio en bientôt presque 20 ans, le tant attendu Back From Beyond. En juillet 2012, Massacre libérait ses démons l’instant d’un seven-inch single à édition limitée avec Condemned To The Shadows. Les deux pièces qui nous ont alors été offertes (et qui se retrouvent sur Back From Beyond) semblent avoir déstabilisé bon nombre de critiques en raison de l’absence de Kam Lee, remplacé par Ed Webb en 2011. Néanmoins, les adeptes inconditionnels du groupe ont apprécié ce court et touchant carnage qui les aura laissés sur leur faim durant une année qui aura semblé s’éterniser.

En dépit du fait que je nageais encore dans le liquide de la création alors que From Beyond voyait le jour en 1991, j’ai toujours été une amoureuse inconditionnelle de cet ouvrage et de chacun des morceaux qui le composent. C’est donc un double défi pour moi que d’écrire cette revue étant donné mon fanatisme en ce qui concerne leur œuvre de ’91, additionné au fait que je chérisse tout ce qui a trait au death metal floridien. Ce sont des pièces telles que Dawn Of Eternity, Chamber Of Ages ou Defeat Remains qui ont participé à ce que j’adhère à leur travail, en plus d’avoir été forgées par un groupe qui, depuis ses débuts, sort du lot des bands typiquement old school death que la Floride nous a toujours si généreusement offert sur un plateau d’argent. Peut-être est-ce lié au fait que Massacre n’a que deux autres albums studio à son actif (From Beyond ’91 et Promise ’96), mais j’ai préféré ne m’imposer aucune attente face à ce retour et cette abstinence en aura valu la chandelle.

Depuis quelques temps déjà, il est possible de voir circuler sur le net l’artwork de Back From Beyond créé par Toshihiro Egawa (Krisiun, Devourment, Cryptopsy, etc.). Cet œuvre fastueux est digne d’être souligné puisque la présentation de celui-ci est intimement reliée à ce qu’il était possible d’admirer sur la pochette de From Beyond (artwork créé par Edward J. Repka (Death, Solstice, Municipal Waste, etc.)). Le concept est séduisant: cet album marque leur retour en force de l’au-delà. C’est d’un décor cramoisi que je qualifierais de post-apocalyptique qu’ils semblent émerger à la suite d’un long séjour en ce royaume cabalistique. Irrémédiablement, on s’imagine les sombres et sinueux sentiers sur lesquels Massacre nous guidera à l’écoute de ce nouvel album. Enregistré et mixé par Tim Vazquez du studio CGM en Floride et orchestré par nul autre que Rick Rozz (guitars – ex: Mantas, Death) et Terry Butler (bass – Obituary, ex: Death, Six Feet Under) auxquels se sont ajoutés Mike Mazzonetto (drums – ex: Pain Principle) et Ed Webb (vocals – ex: Diabolic, Eulogy), j’ai l’immense honneur de vous présenter Back From Beyond!

Back From Beyond totalise un peu plus de 45 minutes d’enregistrement. En dépit du fait que la composition de chacune des 14 pièces mériterait d’être abordée et traitée en profondeur, je tenterai de les décrire brièvement sans passer en revue chacune d’entre elles dans le moindre détail, ce qui m’amènerait inévitablement à publier cette critique en plusieurs tomes!

C’est suite à une brève introduction intitulée « The Ancient Ones » (nom qui reflète remarquablement bien le concept même de l’album) que le massacre débute officiellement avec « As We Wait To Die » que vous pouvez entendre sur Youtube depuis plus d’un mois déjà. Terriblement lourde, cette pièce d’une bonne durée marque la parfaite résurgence d’un torrent de brutalité à la oldschool. Les premiers lyrics sont enfin soufflés et bien que nous n’ayons pas affaire à Kam Lee, je considère que le travail de Webb est impeccable. Celui-ci nous démontre qu’il a un set de poumons qui n’a rien à envier à qui que ce soit. À la fois gutturale et thrash, sa performance ne fait que commencer et surpasse déjà l’efficacité dont a fait preuve Lee sur Promise et ce, sans équivoque.

« Ascension Of The Deceased » nous donne immédiatement le ton de l’album. Nous aurons droit à un groupe demeuré fidèle à ses racines floridiennes avec un old scool death intègre. Ce qui attire davantage l’attention lors de l’écoute de cette pièce est l’exécution de Rick Rozz à la guitare qui nous démontre avec maestria que l’usage du tremolo n’a plus aucun secret pour lui. En ce qui me concerne, je suis depuis longtemps lassée des solos et ce, tous genres confondus. Pourtant, j’ai répété cette tuerie auditive plusieurs fois avant d’accepter de passer au prochain morceau!

« Hunter’s Blood » est un morceau qui n’aura pas suscité en moi l’envie de tout saccager, contrairement aux deux titres précédents. Loin de moi l’idée de dire que cette pièce est peu accrocheuse puisqu’au contraire, le riff est excellent. Néanmoins, il est répétitif puisqu’on doit attendre à plus de la moitié du morceau pour que celui-ci change.

« False Revelation » est un excellent morceau de cet album avec des riffs tantôt rapides, tantôt plus lents mais tout aussi écrasants. À partir de cette pièce par contre, nous faisons face à une certaine monotonie. Bien loin d’être inhabituel, la pièce centrale d’un album joue généralement ce rôle de pièce « généralisatrice ». Lors de ma toute première écoute, je n’ai pas constaté qu’on perdait ici un peu d’altitude, mais après bon nombre de séances d’écoute, j’ai été prise à ce piège. « False Revelation« , « Remnants Of Hatred » et « Shield Of The Son » m’ont offert cette impression de déjà vu du tac-o-tac. Ce sont à certains égards des pièces entre lesquelles nous pouvons bondir sans être dépaysé. Ces pièces sont tout de même bien rythmées – bien loin de concourir à être une espèce de deal-breaker – mais l’effet semblera épuisant pour ceux qui étaient déjà effrayés de jeter une oreille à Back From Beyond. On retrouve néanmoins « Succumb To Rapture » à travers ces pièces et ce hit que l’on retrouvait sur leur dernier EP vient poser un baume sur cet agacement et chasse cette impression de déjà-vu. Il ne m’est d’aucune nécessité de vous parler de cette pièce puisque vous l’avez certainement tous entendue sur Condemned To The Shadows.

Avec « The Evil Within« , « Sands Of Time » et « Beast Of Vengeance« , Massacre se retrousse les manches avant de franchir la ligne d’arrivée – les dernières pièces sont de vrais bijoux, chacun des membres reproduisant les prouesses magistrales que l’on a su déceler dans les pièces d’ouverture. Ces trois morceaux sont riches en émotions et en variations – leur séjour d’outre-tombe les a-t-il déchaînés à ce point? Après toutes ces années de silence, ils n’ont pas perdu la main. Ces chansons capturent l’ambiance noire que l’on retrouvait sur leur tout premier album en intégrant une touche et un son qui saura intéresser la nouvelle école.

Et le meilleur pour la fin…

Le treizième titre est indubitablement mon préféré. Title track de l’album et morceau qui s’avère être le plus long de l’opus avec 4 :39 de contenu, il possède une structure mémorable empreinte de vertueux arrangements à la guitare comme à la basse. Un classique pur et dur à la Massacre, je ne serai certainement pas la seule pour qui ce sera un coup de cœur!

Le dernier morceau de l’album, « Honor The Fallen« , est un titre en l’honneur de notre très regretté Jeff Hanneman décédé en mai dernier. Si le morceau commence « tout en douceur », le double kick de Mazzonetto se charge de faire en sorte que ce règne inspirant la clémence ne s’éternise pas. Un hommage exquis que je vous laisse découvrir!

À mon avis, Back From Beyond est le gage d’un rayonnant succès en ce qui a trait au retour à leurs racines, soit la marque bien cuisante d’un son old school floridien de l’époque ‘90. Mon verdict final est donc sincèrement positif puisque Massacre a su viser dans le mille en nous procurant une bonne dose de leur authenticité. En tentant de poursuivre l’œuvre de From Beyond, les membres de Massacre ont à tout le moins réussi à surpasser leur dernier album à être paru en 1996, Promise. Un death metal digne de ce nom et des pièces qui s’enchaînent à merveille les unes après les autres. Un album lourd. Les tempos s’entremêlent. Tantôt d’une rapidité décadente, tantôt lents et suffocants, ces changements constants de rythmes permettent à l’auditeur de profiter de tous les talents et tours de passe-passe dont sont dotés les membres de Massacre. Un équilibre musical parfait entre les deux premiers œuvres – From Beyond était un album qui défilait à toute allure, alors que Promise était une décente lente et déchirante vers les bas-fonds de l’enfer (chacun de ces deux albums étant prodigieux en soi). L’écoute de Back From Beyond est comme un voyage à travers un monde inconnu, un monde noir. Frissons et chair de poule sont au rendez-vous alors que nous participons à la résurrection de l’un des emblèmes du metal floridien. Tout fan du groupe ou du genre en général se doit d’avoir cet album dans sa collection. Je suis plus que curieuse de voir ce qu’ils nous réservent pour le futur mais surtout, je ne peux qu’espérer leur passage au Québec dans les plus brefs délais!

Comme mot de la fin, je vous laisse avec ce commentaire de Terry Butler en regard de leur nouvel album:

Massacre is very excited and proud of our new album Back From Beyond. We’ve worked hard over the past few months and we believe that the old school and new school fans will be pleased. Ed Webb and Mikey Mazzanetto are great additions to the band and did an amazing job on the album. This is Florida death metal at its best! We plan on making 2014 a busy year!

Ondes Chocs et moi-même (Alison Rioux) tenons à remercier Frederick « Rick Rozz » DeLillo pour le partage de Back From Beyond et pour nous avoir octroyé la permission d’en faire la revue.

8/10

Avorton