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Anette Olzon

« Shine » 

earMUSIC

2014

Pendant un temps, quand j’étais jeune, j’ai collectionné les timbres. Mes amis, eux, faisaient tout pour enrichir leur collection de cartes de hockey. Quant à la maison de disques allemande earMUSIC, elle semble s’être donnée comme mission d’assembler une collection inusitée et unique: les anciennes vocalistes de Nightwish! Ayant déjà sous contrat Tarja Turunen, voici que Anette Olzon fait son entrée sous le même chapiteau. Certaines mauvaises langues doivent déjà certainement se demander à quel moment Floor Jansen signera avec cette même compagnie…

Après avoir été cavalièrement renvoyée de Nightwish en septembre 2012, Anette a bien pris le temps de se ressourcer et voici qu’elle nous arrive avec « Shine« , son premier album solo. Avant la parution, nous avions déjà eu droit à deux chansons, soit « Falling et « Lies« , cette dernière ayant été publiée en vidéoclip. Si ces deux premiers extraits nous ont démontré de belles choses – en particulier une production soignée et une chanteuse bien en voix – force est toutefois d’admettre que ni l’un ni l’autre de ces morceaux n’annonçaient un album metal. Restait donc à voir si les huit autres compositions confirmeraient cette tendance.

Pas de doute, Anette Olzon a voulu se détacher de son passé, et ici je ne parle pas seulement de son passage chez Nightwish mais également de sa participation antérieure à l’enregistrement de deux albums – en 2000 et 2004 – avec le groupe Alyson Avenue, formation qui offrait un rock adulte (AOR) plutôt bien troussé. C’est ainsi qu’après avoir traversé les 38 courtes minutes que dure « Shine«  (je suis plutôt insatisfait quand on m’offre moins de 40 minutes de musique…), j’en arrive au constat que cet album ne contient aucune trace de metal et aussi très peu de trace de rock pur.

Alors qu’est-ce que « Shine« ? Celui-ci constitue plutôt un recueil de chansons pop-rock à saveur atmosphérique. L’instrumentation, généralement minimaliste, se veut ici un support aux envolées vocales de la chanteuse. Ainsi, tout le long de l’album, l’amateur de metal ou de rock attendra ce morceau punché pour se brasser la tête, mais ce moment n’arrive pas vraiment. La pièce la plus rythmée, « Hear Me« , clôt l’album et sonne davantage pop que rock.

Ceci ne veut pas dire que l’album est dénué de bons moments; les susnommés « Lies » et « Falling » sont deux petits bijoux (« Lies » est ce que j’ai entendu de plus beau cette année jusqu’à maintenant), deux ballades très énergiques et lumineuses. Dans le même registre, « Invincible », ballade à voix très peu instrumentée, et « Watching Me From Afar« , bien appuyée par le piano et une habile superposition de voix, se tirent très bien d’affaire. Mention d’honneur également à « Moving Away« , très jolie pièce acoustique à laquelle l’apparition en filigrane de la guitare électrique donne une belle richesse.

Du côté des moments moins intéressants, parlons de « Like a Show Inside my Head« , pièce plutôt fade sans véritable mélodie, et de la pièce-titre, dont la sonorité électro peut s’avérer agaçante. Incidemment, ces deux chansons ouvrent l’album et n’installent pas nécessairement un climat très favorable. Toutefois, que l’on aime l’ensemble des chansons ou non, je tiens à réitérer l’avertissement émis plus haut: le tout n’a rien à voir le metal, considérez-vous comme prévenus.

Il serait toutefois très mal venu, en terminant, de passer outre la performance vocale de Anette Olzon. Si cette dernière a été (très injustement d’ailleurs) malmenée lors de son passage avec Nightwish, force est d’admettre que la qualité sonore de la production et le format musical adopté permet amplement à la dame de se faire justice, c’est-à-dire qu’elle démontre à quel point sa voix peut être très belle et dégager beaucoup d’émotions et de puissance. Sur cet aspect, ce premier pas en solo est en réussite, il ne lui reste plus maintenant qu’à se trouver une identité musicale plus affirmée, chose qui saura venir avec le temps.

Stéphan