Voici le critique de Dany Marchand lors du spectacle du Grande Retour de Banger’s Club présenté au bar L’Inter-Section de Plessisville le 16 avril 2022 et qui mettait également à l’affiche Shanghaï.

Critique

45 minutes de routes me mènent à ma destination pour couvrir un évènement musical dont j’attendais l’arrivée depuis quelque temps déjà. Un petit samedi soir tout en musique dans une nouvelle salle de spectacle (pour moi) que je découvre avec plaisir.

L’inter-Section est un resto-bar et billard avec un beau dégagement en espace, ça respire et sa capacité permet d’accueillir bon nombre de spectateurs. Un look de pub irlandais avec un staff jeune, dynamique et courtois nous accueille. Une scène d’une taille respectable avec écran géant (toile) s’offre à nous.

L’éclairage est correct, très sobre, parfait pour des spectacles de chansonnier et d’humour. L’équipement de sono est imposant avec ce qui semble être deux régies. Une quantité impressionnante d’enceintes acoustiques entoure la scène.

Les portes ouvrent à 20h et déjà ça se remplit très rapidement. L’ambiance familiale est partout, la scène punk attire ses fervents supporteurs qui se préparent pour un beau retour des shows dans la belle Plessisville.

Shanghaï

21h15 Shanghaï se font annoncer, les applaudissements fusent, le party peut commencer.

Premières notes et premiers pas de moshpit instantanément initiés. Dès la première pièce Pat/Dorothy descends de scène pour se mêler à la foule qui apprécie le geste. Plus tard, il viendra d’ailleurs s’asseoir devant la scène avec sa six cordes, ce qui était visuellement d’une belle théâtralité. Les guitares au son des cabs Mesa et Orange résonnent partout autant que les cris des fêtards heureux de retrouver la proximité de la communauté punk. La qualité du son est impeccable.

Après 3 extraits de leur album, la Shanghaï army sur le mosh floor se fait voir alors que la bière virevolte et les raies de fesses apparaissent, aussitôt félicitées par le band! Sur scène, les gars ont du plaisir, les sourires sont sur les visages des membres, car l’Inter-Section est pleine à craquer.

On souligne un anniversaire et le cadeau est l’arrivée de Dorothy sur scène pour « Whatever Joe » où ça danse frénétiquement à la punkesque mélodie. Les fog machines ouvrent les valves autant que le groupe qui donne une performance explosive. On ne fait pas que réchauffer l’assistance, on y met le feu des plus ardents. Les brassières autour du cou de Pat Thivierge s’accumulent.

Techniquement, chacun des musiciens est sur leur X. Le vocaliste est d’une droitesse tant dans le chant clean que plus screamé. Un beau contrôle de ses cordes vocales et l’interaction en fin de set avec le public atteignent leurs paroxysmes alors qu’Alex dépose le micro pour retirer son chandail et sauter dans une arène de danse déchaînée, respectueuse et fraternelle.

Parlant des cordes vocales, les backvocals sont bien harmonisés et chaque musicien mets sa sauce avec son propre style de voix. Le bassiste a un non verbal très beau à voir avec des regards vers la foule très charismatiques, échangeant des sourires avec des membres de l’auditoire.

L’intensité de Lewis à la batterie donne une touche tantôt punk, tantôt presque métal et même ska durant  »GOP ». Le soliste a une présence aussi solide que son talent, telle une bête enragée, il amène le côté disjoncté et intense au visuel et l’auditif!

Après 3 rappels, dont des reprises de NOFX et Rise Against, les boys saluent leur public pour la passation de flambeau.

Un opening act digne d’un headline voilà comment je décrirais mon expérience Shanghaï! La barre est haute pour les performeurs suivants! Pour citer notre Mononc’Serge national:  »ça pue pas, ça sent l’punk! »

Banger’s Club

Après un très long changement de ligne, enfin les hostilités reprennent, les projecteurs se braquent sur ce qui sera le 2e round de notre soirée dans la MRC de L’Érable.

Ce soir, après une longue absence, le Banger’s Club effectue son retour en terre natale en lançant sa pièce éponyme en ouverture, sans trompette ni clairon.

Un bon son rock très gras, un drunk rock comme s’autodéfinit l’explosif quintette, se fait un chemin rapidement dans la foule pour combler une assistance demandante. Encore une fois une étincelle enflamme l’incandescente assemblée qui monopolise les planches avant de la scène dans une tornade de sueur et de plaisirs violents.

L’alcool a eu le temps de circuler dans les veines et les corps frappent le sol beaucoup plus fréquemment et rapidement, mais le respect est toujours de mise.

On voit sur scène une machine à party qui opère sans ménagement, réglée comme une montre suisse. Un écosystème propre au band est visible, l’osmose entre les musiciens et avec les Plessisvillois est complète, ils sont à la maison et leurs concitoyens s’ennuyaient d’eux.

Le bassiste et le soliste se démarquent par leur manière de transmettre leur énergie et leur passion. Il fait chaud autant sur le podium musical que le plancher de danse. Le guitariste rythmique jubile de voir son public en feu, son visage est éblouissant alors qu’il observe la naissance d’un circle pit. Même s’il a une présence plus sobre et en retrait sur scène, son talent et son plaisir de pratiquer son art transcendent avec ses fans.

Parlant de ces derniers, les corps meurtris, mais toujours en ébullition voyagent à travers la pièce en body surfing et aussi en plongeons de scène. Plus le concert avance, plus les dommages collatéraux et les blessures de guerre se font sentir. Les frigos de bière se vident proportionnellement au niveau d’énergie et de conscience des survivants aux 2 prestations.

On efface la pandémie et on récolte le rétroactif des années perdues.

Le drunk rock du Club a des percussions très rapides, rendues avec classe et puissance par le batteur en sueur, mais toujours aussi fiable qu’un métronome. Le vocaliste, perché sur un roadcase a une aisance déconcertante à faire qu’un avec ses fidèles supporteurs qui chantent en coeur les couplets et refrains entraînants. Son vocal est infatigable et ne perds aucunement en force. Appuyé par la lyrique démente de ses acolytes, le résultat est un monstre de mise à feu qui détruit toute trace d’ennui à des milles à la ronde!

La première partie de leur set qui inclut leur matériel original (ainsi qu’une excellente version du célèbre  »Train » des Vilains Pingouins) se termine à 23h37, mais je dois quitter pour aller regagner d’autres de mes engagements professionnels. Par contre, j’ai le temps d’entendre quelques pièces de la seconde partie composée d’un jukebox frénétique de demandes spéciales du classique du punk rock. Le Banger’s Club a été une belle découverte pour moi qui était néophyte face à leur musique. Il est certain que je ne manquerai pas ma chance de les revoir dans un avenir rapproché. De plus, leur discographie est maintenant sur ma liste d’achats obligatoires!

C’est avec regret que je dois malheureusement quitter cette ambiance festive et le plancher collant de ce qui fût l’hôte d’une soirée magique de haut niveau signée par nos artistes québécois. J’ai pu enfin remettre mon perfecto ce soir et me sentir punk à nouveau!

Mon âme s’écrie… …Punk’s not dead.

-Dany Marchand