« Orchestrating The Apocalypse«
Greyhaze Records
2014
L’apocalypse est à nos portes! C’est le 21 janvier prochain que paraîtra le tout premier œuvre du groupe de death metal américain Warfather, sous la tutelle de Greyhaze Records. Orchestrating The Apocalypse, nouveau projet mené par nul autre que Steve Tucker (ex-Morbid Angel), nous offre la possibilité d’assister au retour de ce vocaliste/bassiste de renom sur les planches de la scène death metal. Bien que cet ancien frontman du groupe floridien ait participé à la création de l’opus In The Flesh de Nader Sadek en 2011, un selfreleased project regroupant de nombreux artistes de renommée (Flo Mounier, Rune ‘Blasphemer’ Eriksen et Marcin ‘Novy’ Nowak), son retour en tant que membre actif d’un groupe était grandement attendu de tous. L’artwork de l’album, réalisé par Ken Coleman, illustre à merveille les émotions ressenties à l’écoute de l’œuvre. Cet ouvrage artistique, à mon humble avis, crée à lui seul un pont entre les effets old school et avant-gardiste que dégagent les pièces de Orchestrating The Apocalypse. Ces deux genres bien distincts semblent se livrer bataille chez Warfather.
« XII » débute avec des blast beats exécutés très adroitement par Deimos. La sonorité globale de Warfather semble influencée par le old school, auquel on aurait ajouté une teinte de violence extirpée du brutal death. La marque qu’aura laissée Morbid Angel sur Tucker lors de son passage dans le groupe s’immisce dans chacune des pièces de Orchestrating The Apocalypse.
« My Queen Shall Not Be Mourned » débute brutalement, mais à cette pièce est intégrée une touche musicale plutôt déroutante en comparaison aux titres qui précédaient celui-ci. Néanmoins, cette enivrante mélodie et ces chants clairs effectués en background viennent fortement soutenir la trame fantaisiste de la pièce. Ce sont sans aucun doute ces extraits musicaux inusités qui élèveront Warfather à un tout nouveau rang dans la lignée du death metal.
Après un petit interlude de 34 secondes composé de voix claires et de tambours de guerre avec « Taunting The Deity » (nous en retrouvons trois au total sur l’album avec « Summoning The Warfathers » et « The Chaos Of »), le morceau « The Shifting Poles » débute et c’est alors que je constate la forte influence entre Warfather et nos bien-aimés polonais de Behemoth. Autant en ce qui a trait au chant qu’à l’instrumental ou aux types de pauses marquées à certains moments précis par les musiciens, force est de souligner cette foudroyante ressemblance entre certains de ces aspects que possèdent les deux groupes. Cet effet semble davantage créé par le côté blackened death paré de mélodies employé par Armatura à la guitare.
La pièce « Ageless Merciless » présente des progressions inhabituelles dans les riffs, à la guitare comme au drum et à la basse (Avgvstvs). Ces riffs, désarticulés et lourds, font immanquablement honneur au travail de Tucker tel que nous y sommes accoutumés. De plus, les faibles râles entendus dans la pièce me rappellent ceux que l’on peut apprécier chez Cattle Decapitation. Définitivement, il y en a pour tous les goûts!
« Gods And Machines » est une véritable déclaration de guerre. Les changements fréquents dans le tempo est une caractéristique prenante de Orchestrating The Apocalypse. D’ailleurs, ce trait démontre la dextérité et le talent de ces musiciens à rendre ces effets tout en créant un enchaînement qui semble couler de source. Le lead guit sur ce morceau s’intègre à merveille au reste de l’ouvrage et fait valoir un travail de maître.
« Ashes And Runes » présente une approche un peu plus simpliste dans laquelle s’enchaînent des riffs lents et d’autres drastiquement plus rapides. Malheureusement, ce morceau de 5 :15 minutes donne l’impression de durer une éternité et brise le rythme qui s’était installé dès les premières mélodies de l’album.
« We Are The Wolves », agressif, est le coup de grâce de Orchestrating The Apocalypse. Il résume bien l’ambiance dominante de l’album en plus de mettre à l’avant-plan, un Tucker dont la voix est à son apogée.
Violent, saccadé, laborieux et apocalyptiquement chaotique, Orchestrating The Apocalypse est en quelque sorte un reflet de la renaissance de Formulas Fatal To The Flesh, Gateways To Annihilation et Heretic à travers lesquels, pendant plus de quarante minutes, résonne l’écho d’un death metal américain qui tend vers le renouveau du genre. Sans aucun doute, Warfather charmera les fans de Morbid Angel, mais aussi de certains bands tel que Nile, effet provoqué par l’atmosphère enivrante retrouvée tout au long de l’album. Warfather méritera une écoute attentive, mais les amateurs du genre sont dorénavant mis en garde. Certains éléments sont désappointant, bien qu’à mon avis Warfather gagnera à développer ce côté mélodique et brutal. Ne vous attendez pas à une œuvre de death metal de la même trempe que celles bien connues du genre! Pour ma part, je suis pressée de jeter une oreille à ce qu’ils feront dans le futur, question de voir jusqu’à quelle limite ils sauront maintenir ces particularités qu’ils ont établies dans Orchestrating The Apocalypse!
8/10
Avorton
Extrait de « My Queen Shall Not Be Mourned » sur Decibel.