Décapiteuse Marryah Noch

LA DÉCAPITEUSE

 

DEVILDRIVER

 « Winter Kills »

Napalm

23 Août

 

C’est facile de qualifier tout et n’importe quoi de nu-metal et de simplement renoncer à une première écoute tout simplement à cause des caractéristiques trendy associées à un band. On oublie que ces groupes qui essayent de plaire à tout prix s’écoeurent parfois de leurs propres efforts ridiculement anti-libertins et finissent par s’épanouir d’une manière qui correspond à l’idée que j’me fais d’une gang de musiciens qui se respectent et écrivent chacun de leurs albums pour eux-mêmes et non pour être acceptés par la masse au risque d’écrire du métal sans un seul reflet d’éléments oldschool.

Make way for « Winter Kills ». Honnêtement, j’aurais pu me claquer un album complet du mélange assez étonnant de thrash et de melodic death metal définissant les quelques premières pièces. La qualité la plus prédominante de l’album qu’on a ici est l’aspect vraiment stripped down du processus créatif, qui disparaît malheureusement dans sa quasi-totalité à la mi-tracklist pour redevenir une incarnation de leur approche au melodic nu qui se diffère pas vraiment de leur vieux stock qui a vraiment manqué le bateau en termes d’impact sur moi, en tout cas, au courant des dernières années. On a tout de même la preuve tangible que les gars s’enlignent vers une cadence plus impulsive petit à petit et se gênent pas pour relâcher leur rage de manière vicieuse et crue par moments. Ça sonne bien quand c’est accompagné de riffs vraiment travaillés et d’une vibe hors de contrôle, plutôt que quand ça baigne dans un son clinique et enfoui sous le manque marqué d’effort dans l’écriture et qui savent plaire à ceux qui ont l’esprit vraiment fermé et qui aiment entendre la même affaire 90 fois par an venant d’un même band.

VERDICT: 6/10 (ASSEZ BON)

 

 

DIAMOND PLATE

« Pulse »

Century Media

20 Août

 

V’là un band qui sait se démarquer et se débattre du piège à rats dans lequel se ramassent la plupart des bands qui essayent (de manière un peu trop appliquée) de se classifier dans un seul style de métal pour le kick de se faire une image. Dire que DIAMOND PLATE, c’est du thrash, c’est prendre un raccourci qui tient du blasphème ou qui révèle tout simplement le déficit d’attention dont fait preuve la personne qui les qualifie de tel. Ces gars-là ont crissement pas la chienne et se mettent pas de limites stylistiques du tout; en fait, « Pulse » a été écrit sur la base d’un memo tout particulier: jammez des riffs que vous allez garder dans leur présente incarnation et intégrer à l’album sans leur apporter le moindre changement. C’est le genre de procédé qui ferait fuir bon nombre de musiciens qui aiment peaufiner quatorze fois le même song pattern avant de le passer dans la machine cosmique et fortement sur-utilisée qu’on connaît sous le nom de ProTools. C’est normal de vouloir retravailler certaines choses avant de les garrocher dans la face du public, mais faire l’expérimentation tout à fait recommandable d’essayer de construire des tounes autour d’une coupe d’idées qui sortent de l’ordinaire et qui sont complètement inattendues, ça peut mener à des résultats franchement coup-de-coeur. Cet album est un exemple même si l’approche au thrash qu’on a ici est pour ceux qui aiment une variante sérieusement trippy. La première track « Walking Backwards » introduit un son à la mi-school (pas nécessairement old ou new mais smack in the middle) de METALLICA tandis que les autres tracks se penchent plus vers des tonalités southern rock aux changements de pacing assez nombreux pour passer de ce mode de pensée à une philosophie plus violente en deux temps trois mouvements. Plusieurs pièces sont beaucoup plus sombres et introspectives et ma foi le résultat est convaincant. Les leads ont particulièrement attiré mon attention et mon respect; ils sont élaborés, mélodiques, et extrêmement organiques. C’est pas l’album le plus parfait et spot-on dans l’histoire du siècle mais il perdrait toute sa personnalité si c’était trop radicalement le cas. Voilà une contradiction intéressante à observer et discuter.

VERDICT: 6/10 (BON)

 

 

FLESHGOD APOCALYPSE

« Labyrinth »

Nuclear Blast

16 Août

C’est assez évident qu’une couple de puristes vont se garrocher sur « Labyrinth » avec un enthousiasme des plus surexcités. Après tout, F.A. se démarquent en sale depuis la sortie de l’album d’avant qui est, soit dit en passant, presque impossible à topper, que ce soit par les mêmes musiciens ou pas. C’est avec cette dernière idée en tête que j’ai abordé le nouveau stock qui n’est effectivement pas orienté vers les mêmes priorités; on a droit ici à du death métal technique à proprement parler. C’est la shade qui embrouille la grosse majorité des pièces qu’on a ici puisque c’est du overblown à fond la caisse. Plusieurs contradictions au coeur du songwriting rendent les pièces plus cliniques et schirurgicales que vraiment axées sur le feel et la substance; les meilleures tracks sont celles qui restent fidèles à l’identité du band qui s’est propulsé au devant de l’attention médiatique grâce au talent inégalé des gars pour la structure de mélodies classiques recherchées au milieu d’un paysage brutal, mais qui possède une cadence aussi appliquée que ce qu’on entend dans les meilleurs répertoires d’orchestres symphoniques.

Révéler le côté émotivement obscur de la racine du métal c’est pas une pratique aussi courante qu’elle devrait l’être ces temps-ci, surtout dans le cas de musiciens qui sont tout à fait capables de se surpasser en termes d’overflashy playing, mais eux, ils réussissaient à profiter de leur talent pour absorber les sens de la personne qui écoute plutôt que pour l’emmerder avec dix mille technicalités. Cette mentalité est moins évidente ici, malgré que l’ambiance reste sombre et élégante. Que plusieurs tounes s’imbriquent l’une dans l’autre sans impact défini ou sans trace de mémorabilité – ça m’attriste. Certaines exceptions font ressortir les qualités primaires de FLESHGOD, mais je reste sur mon idée que ceci n’est pas leur album le plus essentiel du tout. Un focus sur la base des choses serait de mise.

VERDICT: 6.5/10 (Entre BON et TRÈS BON)

 

SPEEDTRAP

« Powerdose »

Svart Records

23 Août

J’ai eu la joie de découvrir SPEEDTRAP y’a un sacré bout de temps grâce à High Roller Records. Si je fais abstraction de leur participation à un split plutôt ordinaire, ces gars-là ont le don d’être habituellement très tight en termes de NWOBHM à la Motörhead qui déplace suffisamment d’air pour faire forte impression sur les sceptiques. « Powerdose », c’est un re-work considérablement rafraîchissant de quelques vieilles tounes avec de nouvelles compositions en tandem qui ont tendance à révéler de nouveaux aspects de l’approche musicale des gars; quand le pacing est un peu moins essouflant et essouflé, le potentiel est à son comble, certains moments des dites pièces me rappelant des vieux classiques de KISS. De façon générale toutefois, SPEEDTRAP c’est une gang d’hyperactifs et cette affirmation est pas de mauvaise foi; ils savent écrire du stock qui est énergisant et catchy à la fois et je pourrais pas honnêtement dire que l’ensemble de l’album est hit and miss; il est bon d’un bord à l’autre, mais les zone-outs sont pas rares vu que l’approche reste constante sans vraiment prendre le temps de s’épanouir et de se concentrer sur sa propre identité. Un focus plus marqué sur l’élaboration de certains moods plus variés sur le prochain album pourrait aider ce band-là à définir sa propre personnalité et se créer sa propre niche audience.

VERDICT: 7.5/10 (Entre TRÈS BON et EXCELLENT)

 

 

FACEBREAKER

« Dedicated to the Flesh »

Metal Blade/Cyclone Empire

20 Août

Je m’attendais pas à entendre un contender pour le nouveau EXHUMED (« Necrocracy ») à une semaine d’intervalle de ma session d’écoute avec ce petit dernier. FACEBREAKER se gâtent en sale à toutes les fois qu’ils se montrent la face – sur « Dedicated to the Flesh », ils manquent pas d’adrénaline créative. Autant en termes de death n’ roll que de melodic ou slow paced death metal en passant par le brutal dans son format habituel, y’a pas l’air d’avoir de limites à leur aisance tout à fait naturelle. Ils savent écrire des hooks sans trop essayer de viser le jackpot; y’a environ 8 key points par track, ce qui maintient un intérêt marqué pour leur évolution assez facilement. Les riffs tout simplement contagieux manquent pas ici et autant d’influences old school que new school sont notables. J’ai pas l’impression que ces gars-là essayent d’être une copie ou qu’ils se mettent une pression de fou pour être le meilleur band in the valley, vu qu’ils sont assez proches de réussir cette feat (contrairement à ceux qui ont cette seule obsession en tête), à l’insu de la plupart de ceux qui ont la très mauvaise habitude d’avaler tout ce qu’ils se font spoonfeeder au lieu de fouiller pour trouver leurs propres préférences. En d’autres mots, ils sont drastiquement under-rated et chacun de leurs albums en est la preuve tangible. Aucune déception ici.

VERDICT: 8.5/10 (Entre EXCELLENT et GÉANT)

 

 

WATAIN

« The Wild Hunt »

Century Media

20 Août

Les gars de WATAIN en ont absolument rien à foutre des règlements pré-définis. En ce sens, « The Wild Hunt », c’est pas *juste* un album de black. C’est une expérimentation complètement impulsive et même un peu somnanbule au coeur du mood à l’appui dans chacun des tournants de l’album. Aucune retenue est audible ici et les gars se livrent à leur longue méditation impénétrable, pour le meilleur, et pour le pire. Dans ce cas-ci, je dois dire que j’accroche. Des ressemblances avec DISSECTION sont évidentes mais vu l’originalité des riffs, cette influence marquée peut être mise de côté au lieu de qualifiée de trop facile. Des influences fusionny se remarquent assez facilement dans les leads fort épanouis, et l’emphase sur l’ambiance est relevée à sa manière par touts les éléments de l’ensemble; on entend parfois des war-drums, le vocal a vraiment une identité en termes de caractère (et d’impact) psychologique, et les song arrangements sont vraiment méticuleux et appliqués. L’enregistrement de l’album a passé par 3-4 studios, si je me fie à la press release garnie d’éloges distribuée par Century Media. Un horaire demandant entoure la création tout à fait sophistiquée de l’offering qu’on a ici, et ceci est récompensé par un résultat epic et fortement cinématographique. Je suis assez impressionnée par les connaissances collectives de WATAIN en termes de tricks et je doute pas que leurs playlists sont assez étendues et que ça se limite pas aux racines de l’extreme metal. C’est une bonne surprise que j’oublierai pas facilement.

VERDICT: 9.5/10 (Entre GÉANT et ABSOLUMENT ÉPOUSTOUFLANT)

 

 

-Noch