C’est par hasard que j’ai vu l’annonce du show. »Soirée avant-garde », ça me parle, parce que les racines de mes tripes baignent dans l’underground. J’aime bien aussi les valeurs sûres et les shows à plus grand déploiement, mais c’est dans les bas-fonds qu’on peut faire de belles découvertes d’artistes passionnés et c’est généralement rafraîchissant comme événement. Le plus beau là d’dans, c’est que le frontman de Délétère est nul autre que le bûcheron dégénéré surnommé »Fix » (Félix Latraverse), avec qui j’entretiens une correspondance depuis quelques années déjà et de qui j’admire l’oeuvre dépravée et déjantée (Dépravation, Neurasthene, Koudkoto Dangorj, Hymen et autres projets délurés). Depuis quelques mois, j’avais perdu contact et j’ai pu assisté à son premier show à Montréal avec Délétère.
Je suis donc arrivé à l’Alizé pour le début de Folk You, qui font du irish folk plutôt traditionnel, digne d’un pub où l’on sert de la Guiness et autres spiritueux de Leprechaun. Nous n’étions que très peu de spectateurs et cela ne changera pas tout au long de la soirée. Une défaillance dans la pub (les bands ne peuvent pas tout faire et la ville sévit lorsque l’on colle des affiches sans avoir acheté de permis…) et le début du Rockfest y a sûrement été pour quelque chose. Qu’à cela ne tienne, on a trippé quand même et les groupes étaient contents d’être là! Après Folk You et leur musique entraînante, ce fut au tour de MASSE et leur musique spatiale et destructurée. De la programmation, une batterie et un stick 12 cordes. Musique actuelle, noise? J’ai parlé un peu aux deux membres, Max Laporte et Fred-Érick Sauvé après leur prestation, ils ont accepté mes qualificatifs même s’ils ne se sont jamais creusés la tête pour en trouver. J’étais dans mon rôle de journaliste intellectuel et je parlais avec des trippeux qui ne se prennent pas au sérieux. Mais j’insiste pour dire que ce n’était pas du n’importe quoi, que ça sort de l’ordinaire et qu’il faut être de bons musiciens pour reproduire ça sur scène… Et bien justement, Fred-Érick est un compositeur/arrangeur/multi-instrumentiste qui manie le stick depuis 1999 et qui enseigne aussi son art. Sa réponse lorsque questionné sur ses influences: « Mon influence personnelle première est celle de Robert Fripp; pour MASSE je pense à Behold…The Arctopus, Naked City & Lightning Bolt… ». Max Laporte est un percussionniste accompli et enseigne également. MASSE s’inspire d’artistes tel que John Zorn ou encore le groupe Earth. Et qu’est-ce que ça signifie le nom MASSE? Voici la réponse de Fred-Érick: »C’est Max le drummer qui a proposé ce nom… Intellectuellement ça peut vouloir dire tellement de choses… Musicalement, on essaie de faire une MASSE de sons! »
Le temps de prendre un peu d’air, et une véritable bombe à clous a explosé: Aversion avec un black metal puissant, incisif et direct (à ne pas confondre avec le band de crossover américain). La vocaliste Vena Kava est une machine qui dégage une ferveur impressionnante. Les membres d’Aversion non nul besoin de s’agiter, car la musique développe un degré d’intensité qui exulte une atmosphère complète: ce sont des messagers ténébreux qui laissent place à une expérience totale de leur art. Ils ont joué un bon 40 min. que je n’ai pas vu passer tellement j’étais dans le mood avec le thrash improvisé (c’est ben la première fois que je glisse sur le cul jusqu’à foncer dans l’ampli, mais y’avait d’la bière sur le plancher!! Merci à Nemrod de m’avoir dédié une toune pour ma fête! Merci aussi à Fix d’être venu en rajouter en me gueulant dans les oreilles, esti de tête brûlée, et merci aussi pour les bières!). Pour terminer leur prestation, la place fut laissée à Nemrod (guitar, back vocals) et Vilain au drum avec une pièce de black depressif tranchante maculée d’insanité et un vocal torturé. Bref, Aversion est une jeune formation à surveiller car leur potentiel est grand et parce qu’ils sont déjà très solides sur scène. Nemrod et Vilain m’ont dit qu’ils aimeraient bien faire leur nom en Europe et je suis sûr qu’avec une bonne étoile ils ont tout pour aller loin.
Pis Délétère j’veux même pas en parler, allez donc vous noyer dans une piscine de bière!
Baaah, ok j’vais faire ma job jusqu’au bout. J’aime la crasse et les insultes. C’est extrême et ça dit un beau gros fuck you aux conventions C’est du crust-black metal-thrash de saoûlons. Ca garroche comme une plaie de lie (vous avez compris le jeu de mots) ou un herpès génital qu’on tente de soigner avec de l’alcool frelaté. Ils se battent sur la scène et Fix nous envoie des vulgarités par la tête entre les vomissures sonores, et j’me suis pas gêné pour lui répondre!. C’était leur 3e show mais de toute façon on s’en colisse, ça n’a aucun esti de rapport avec la virtuosité. Ça vient des tripes et ça dégage une sueur de débauche. Ils ont un démo de 5 titres disponible directement via le band et aussi sur Itune. J’ai le demo et je le garde près des toilettes. Merci bande de fêlés on va se revoir c’est sûr! Le pire c’est qu’ils ont joué le 14 juin à Sorel (avec Folk You).
Facebook de Délétère (Attention, y’a 2 groupes de bm à Québec qui portent le même nom).
Ou encore sur tour de garde.
Ceci est la critique la plus hot que j’ai jamais lu
en passant après ce show la je me suis endormi dans le bois