Décapiteuse Marryah Noch

La Décapiteuse #20

 

 

Band: BLACK WATER RISING

Album: « Pissed and Driven »

Label: Metalville/E1

Date de sortie: 13 Août

 

C’est toujours excessivement joyeux quand un band qui reconnaît le plein potentiel de sa propre inspiration décide tout bonnement et absolument consciemment que y’existe une nécessité absolue pour un élément aussi crasheux de party que le mainstreaming. Quand j’ai connu ces gars-là, c’était dans une incarnation qui avait le doigt d’honneur levé bien haut dans la face d’absolument chacun des chanceux qui regardaient dans leur direction pour découvrir un hard rock sec et cru avec un sapré bon groove à l’appui et des hooks à perte de vue. Reste que l’attitude qui englobait le tout était sincère et je me ramasse à penser exactement le contraire de la grosse majorité du stock sur « Pissed and Driven ». C’est loin d’être compliqué de se poser quelques questions quand chacune des tounes commence avec un riff innovateur et rebelle à la fois et tombe de son postérieur affreusement plat directement au fond du blender géant qu’est la commercialisation digne d’un lavage de cerveau des plus draconiens qu’impose la « scène populaire » (qui tente à tord et à travers de s’accorder elle-même assez de crédit pour se qualifier de membre de la famille du métal au niveau international). J’aurais jamais pensé que BLACK WATER RISING se seraient portés volontaires pour calquer leur songwriting sur des patterns aussi accessibles axés sur la répétition obsessive de riffs simplets et vides de feel et également de sens du concret. J’dois ajouter que le vocal manque largement de oomph et me convainc pas trop que le frontman est tout à fait dans la game. Somme toute, on a droit à des moitiés d’idées qui auraient pu être étoffées plus largement si les gars acceptaient de se fondre dans leur identité fondamentalement underground mais le besoin obsédé de s’emparer de la cagnotte et de se faire aimer de tout le monde prend nettement le dessus. Les puristes, regardez ailleurs pour l’instant. Je l’ai trouvé long et y’a 10 tounes. Ce qui me déçoit le plus ici est l’envergure des riffs grunge prometteurs qu’on a ça-et-là sur l’album mais j’dois dire qu’un retour en force vers « Black Gives Way to Blue » s’impose quand ça tombe dans une cadence BON JOVI sans prévenir, et ce, à tour de bras. Pas génial.

VERDICT: 4.5/10 (Entre POTABLE et ASSEZ BON)

 

 

 

Band: PANZERCHRIST

Album: « The 7th Offensive »

Label: Listenable Records

Date de sortie: 13 Août

 

C’est rare que Listenable se plantent solide. Je dis pas ça souvent d’un label, en toute sincérité, et ça s’applique même à ceux que je préfère dans la liste infinie qui existe. Depuis le début de 2013, je me ramasse à avoir crissement de la misère à trouver un album backé par eux qui manque de steam et qui me fait demander sérieusement quel est le but de sa release. Leur stock est habituellement des plus surprenants en termes de découvertes de groupes dont j’avais absolument jamais entendu parler avant qu’ils me fassent remarquer que y’est temps que j’me remette les pieds dedans assez fast. Les danish PANZERCHRIST sont un bon exemple; ils sont rendus à leur septième album avec « The 7th Offensive » et c’est la toute première fois que j’entends parler d’eux, même si le « panzer metal » est un mouvement qui n’existe pas à mon insu; malgré qu’il n’a absolument rien à voir avec le style de ce band-ci car je les qualifierais pas instantanément de death black mélodique. En causant avec le frontman Soren dans le courant de la semaine passée, j’ai découvert qu’il écoute du blues en passant par le black jusqu’au heavy metal traditionel aux éléments shock rock; qu’il me parle de Stevie Ray Vaughan, King Diamond, Crocell et Darkthrone dans la même phrase, ça m’a pas du tout garrochée à travers la pièce, même que je m’y attendais totalement. Y va sans dire que « The 7th Offensive » est un album révélateur sur l’identité du band en terme d’influences mais en disant ça j’affirme absolument pas que c’est une imitation ratée du projet du voisin; je dis plutôt que c’est pas un mensonge de 100 pages sur l’absence totale d’influence extérieure sur le procédé créatif qu’on a ici. Ce qu’on remarque, c’est un son death metal mélodique à la base qui sait quand s’étoffer en multiples layers cinématiques et quand rebrousser chemin vers un format plus oldschool, organique, et axé sur une progression de riffs plus vintage et visqueuse. Une touche viking se montre la face à quelques tournants dans les passages les plus mélodiques et les solos sont teintés d’une flamboyance digne d’un guitariste qui écoute autant de jazz que de classique. Pour ceux qui ont besoin d’un certain point de référence, imaginez GOD DETHRONED en moins accessible avec des tracks jalonnées de ce type de solo fusionny. Vous êtes à peu près à la même place que moi mentalement.

VERDICT: 7/10 (TRÈS BON)

 

 

 

Band: WITHERSCAPE

Album: « The Inheritance »

Label: Century Media

Date de sortie: 6 Août

 

Dan Swanö est pas méconnu pour sa job de producteur, plus particulièrement dans le domaine du métal progressif mélodique et du funeral doom. Je pense particulièrement à OPETH, KATATONIA, et NOVEMBER’S DOOM pour ceux qui ont pas poussé leurs recherches. Avec WITHERSCAPE, il se garroche de plein gré dans un travail de plus longue haleine (et vous allez me dire que son CV est rempli de projets visionnaires; dites-vous que sur « The Inheritance », en plus du mixage et du mastering, il se charge de l’écriture, du vocal, et de la batterie avec son seul partenaire guitariste pour former un duo assez fracassant, trio si on inclut la collaboration d’un membre de NOVEMBER’s DOOM qui s’est ici occupé des lyrics). C’est pas étonnant qu’on a droit à une approche musicale réfléchie, introvertie, et  dérangeante en restant poétique à la fois. Si vous voulez une traduction plus technique; la blueprint WITHERSCAPE, c’est un métal mélodique progressif entrecoupé d’alternatif accoustique sombre et glauque tout en gardant un aspect peaufiné et largement esthétique. En fin de compte j’vais avouer que c’est difficile à décrire en toute fidélité car c’est le type de son qui doit être entendu pour être cru. L’emphase sur le storytelling est présente mais le musicianship reste song-oriented et perd pas de son souffle productif pour le kick de se fondre en background. La vibe de l’album est démoralisante d’une manière qui le rend intoxiquant, comme le genre de péché mignon dont on a de la misère à se tanner simplement parce qu’on est conscient qu’on devrait pas en abuser. C’est le genre de métal qui est destiné aux fines bouches de ce monde qui ont pas peur de se ramasser avec une facture de cinq mille pieds de long. Vous voulez un concept difficile à suivre et un son impulsif et mature au point de se demander quel est le level de geekism exact des deux musiciens impliqués; WITHERSCAPE vous l’offre. Pas pour les coeurs sensibles et les maniaques de simplicité tenace.

VERDICT: 8/10 (EXCELLENT)

 

 

 

Band: LAST CHANCE TO REASON

Album: « Level 3 »

Label: Prosthetic

Date de sortie: 6 Août

 

Le death métal technique réussit facilement à devenir emmerdant dans plus de cas qu’autrement. Les exceptions sont rares mais j’en connais tout de même partout à travers le monde et j’ajouterais que je qualifierais ces gens-là de vrais champions. Les instincts à éviter dans ce style en particulier sont faciles à lister pour n’importe quel individu qui est le moindrement conscient des vagues populaires qui s’emparent de la scène moderne. LAST CHANCE TO REASON réussissent à pas tomber tête première dans les pièges auxquels ont succombé les prétentieux de ce monde qui pensent qu’on se fout pas éperdument de leurs faces et coupes de cheveu de fées clochettes et de leur hypershred mathématique qui se prend les pieds dans ses propres pieds pour finir par se prélasser au coeur d’un monde de non-sens qui se veut complexe mais est réellement *tout à fait* sans bon sens. J’vais devoir citer Walter White en disant qu’il est toujours très (trop? je crois pas) important de s’appliquer. Pour moi, un bon groupe de prog ou de métal technique, c’est une gang de musiciens qui savent avoir un mode d’écriture qui est song-oriented, c’est-à-dire qui perd pas le fil du mode de pensée de la toune, ou encore, qui devient pas une collection de riffs garrochés à tord et à travers dans un ramassis de confusion qui se fait passer pour une bonne rasade de notes de cours de science universitaire. « Level 3 » accomplit ce miracle que j’apprécie tant. LAST CHANCE TO REASON sont coupeux de souffle dans le sens où chacune des pièces incorpore plusieurs sous-styles d’une manière bien pensée plutôt qu’excessivement haute en couleurs au point de lever le coeur. Ils savent créer des hooks qui sont le résultat logique d’un build-up fidèle à sa définition (i.e. mener quelque part plutôt que jouir de l’expertise complètement fétide qui consiste à donner l’illusion qu’un peak approche; laissant plutôt place à un trou noir béant dans lequel s’emboîtent des leads sans mélodie, poigne, ou logique au coeur des idées à moitié développées qui composent les albums les moins pertinents). L’approche vocale a également un range large axé sur le feel de chacune des pièces et donnant une bonne theatricality à l’ensemble de l’approche. À visiter et re-visiter pour ceux d’entre nous qui aiment pouvoir reconnaître l’art qui vient réellement du fond du coeur même en plein milieu d’un style de métal aussi clinique et surgical que ce qu’on aborde ici.

VERDICT: 8/10 (EXCELLENT)

 

 

 

Band: EXHUMED

Album: « Necrocracy »

Label: Relapse Records

Date de sortie: 6 Août

 

J’ai pas de misère à catcher pourquoi EXHUMED sont particulièrement appréciés par des légendes comme CARCASS. J’ai pas non plus de joie infinie face à la très réelle possibilité qu’ils se pointent de plus en plus rarement la face au Québec à cause des innombrables occasions ou ils se sont fait revirer de bord aux douanes avant un show à Montréal. J’aimais déjà énormément ce band avant d’avoir entendu « Necrocracy » et suite à cette session d’écoute, je dois dire qu’ils vont botter le cul des gros noms cette année et même leur donner une certaine leçon d’humilité dans certains cas sélects. « Necrocracy » c’est une suite d’idées totalement euphorisantes incluant des mélodies engageantes et prenantes au beau milieu d’un death metal tempestuous et laid à souhait relevé par un groove qui manque absolument jamais sa shot en terme de faire un impact choc lorsque cet impact est nécessaire seulement. Le riffage est tellement dynamique ici qu’un besoin insistant pour un paquet de changements de pacing est même pas absolu car l’intérêt est maintenu par la chimie électrisante de l’approche de chacune des composantes – ça empêche pas les gars de savoir créer un mood plus progressif quand l’envie leur prend. Tout ceci est manié de main de maître pour un résultat final bien arrosé qui est, en fait, une collection de « nouveaux » classiques totalement et largement timeless. J’ai pas besoin d’en dire plus.

VERDICT: 9/10 (GÉANT)

 

 

 

-Noch